Planète Cinéphile

Cette semaine

L'AUTRE SORTIE DE LA SEMAINE : "SITUATION AMOUREUSE : C'EST COMPLIQUÉ"

C COMPLIQUE 120 GENERIQUE DEF HD

 

 

Quoi de neuf du côté des sorties ciné cette semaine ?! Le film du mois, "Her" de Spike Jonze, mais également "Wrong Cops" de Quentin Dupieux, "3 Days To Kill" de McG, "Valse Pour Monica" de Per Fly, "The Canyons" de Paul Shrader, "La Pièce Manquante" de Nicolas Birkenstock, "La Légende d'Hercule" de Renny Harlin, "Dors Mon Lapin" le nouveau Jean-Pierre Mocky, "Le Grand Cahier" de Janos Szasz, le documentaire "Ondes Science Et Manigances" de Jean Heches, la resortie de "Cléo De 5 À 7" d'Agnès Varda, sans oublier "Situation Amoureuse : C'Est Compliqué" de Manu Payet & Rodolphe Lauga - Grand Prix lors du dernier Festival de l'Alpe D'Huez. "Planète Cinéphile" vous propose l'interview des deux réalisateurs.

 

Qu'est-ce qui vous a donné envie de passer derrière la caméra ?


MANU PAYET - "C’est quelque chose dont je n’avais jamais rêvé car je ne me suis jamais senti capable de le faire. Je n’ai donc jamais eu vraiment envie de m’atteler à une telle aventure ... Jusqu’au jour où Cyril Colbeau-Justin et Jean-Baptiste Dupont m’ont demandé si j’avais envie de développer quelque chose dans ce sens avec eux et m’ont proposé d’écrire et ça, je m’en suis senti capable. En tout cas j’ai eu envie d’essayer. Et je suis parti d’une idée qui s’inspirait de ce que j’avais pu vivre adolescent et que je partage avec beaucoup. Car qui n’est pas tombé(e) amoureux(se) de la star de son collège, de celui ou de celle qui fascinait tout le monde mais bien évidemment n’avait aucun regard pour vous ? J’ai alors essayé d’imaginer ce qui se passerait si une telle bombe ressurgissait dans la vie d’un de ces ados devenu adulte et sur le point de se marier."

 

Comment s'est déroulé le processus d'écriture ?


MANU PAYET - "Une chose était certaine : je ne voulais pas écrire seul mais collaborer avec quelqu’un qui, de préférence ne soit pas proche de moi et ne vienne pas de la comédie. Pour à la fois m’aiguiller et m’aiguillonner. On a eu alors la bonne idée de me présenter Nicolas Peufaillit, césarisé pour UN PROPHÈTE. Et là, c’est devenu concret. Mais ça a pris beaucoup de temps – au moins deux ans – car parallèlement, j’étais beaucoup en tournage. Puis, une fois ce premier travail achevé, on a repris le texte avec Romain Lévy pour qu’il m’apporte son oeil neuf et que je sois à nouveau surpris par cette histoire. On a énormément travaillé sur les dialogues ensemble."

 

Comment avez-vous eu l'idée d'Emmanuelle Chriqui pour camper cette Vanessa ?


MANU PAYET - "Je cherchais évidemment une fille sublime. Mais j’aurais dû plutôt commencer par chercher quelqu’un qui, spontanément, me mettrait dans l’état qui était le mien quand je croisais ce type de filles au collège. Et j’ai eu la chance de me rendre compte à temps qu’Emmanuelle correspondait pile à cette description. Cette rencontre, je la dois à Gad Elmaleh. J’étais avec lui à une soirée à Los Angeles quand il l’a aperçue et m’a dit : « ce ne serait pas l’actrice d’Entourage que tu adores ? ». Il me l’a présentée et j’ai alors eu la surprise d’apprendre qu’elle parlait français car ses parents l’ont élevée à Toronto dans notre langue. Après cette première rencontre inopinée, je l’ai revue plusieurs fois et je lui répétais qu’elle devrait tourner en France mais sans avoir une seule seconde l’idée en tête de lui proposer le rôle de Vanessa. Et puis, un jour, j’ai eu le déclic. Je lui ai proposé de lire le scénario. Et son oui enthousiaste m’a forcément donné confiance à cet instant-là de l’aventure. Et ce d’autant plus que mes producteurs étaient aussi convaincus que moi qu’elle était le personnage. Dès qu’on la voit, on se doute que cette fille a été la star de son collège ! Et comme pour Anaïs, on a réécrit le personnage pour l’adapter à elle."


 

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Comment vous êtes-vous répartis la tâche sur le plateau ?


MANU PAYET - "Au départ, j’avais dit à Rodolphe qu’a priori je dirigerais les comédiens et que lui s’occuperait plus précisément de tout ce qui est image. Avec évidemment des possibilités de mêler les choses. Mais Rodolphe a surtout su m’arrêter quand, pris par le plaisir du jeu et de mes partenaires, je partais vers des choses qui n’avaient plus rien à voir avec le film. Sa vigilance était permanente."


RODOLPHE LAUGA - "En fait quand tu es face à un incendie – et ce fut le cas en permanence pour nous en prépa comme en tournage – le pompier va l’éteindre et le secouriste aider les gens (rires). On s’est donc répartis la tâche ainsi au départ. Mais bien évidemment sur le plateau les choses évoluent. Et j’ai donc aussi pu donner des indications aux comédiens. Même si l’idée était souvent de les laisser faire, voir ce qui se passe et réagir ensuite. C’est en tout cas ainsi que je fonctionnais. J’observais ce que Manu avait en tête et j’ajustais pour ne jamais perdre de vue la ligne conductrice qu’on s’était fixés ensemble. Mais pour certaines scènes complexes en terme d’interprétation, Manu m’a aussi dit qu’il voulait se concentrer sur le jeu et m’a demandé de gérer tout le reste."

 

Une comédie romantique réussie est celle qui réussit à maintenir l'équilibre entre vannes et émotion. Qu'est-ce qui vous inquiétait le plus ici ?


MANU PAYET - "Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le côté comédie. Et ce, de l’écriture au montage. Exactement comme lorsque j’avais écrit mon spectacle et qu’avant de le jouer le premier soir, je me demandais qui allait bien pouvoir rire à ça. Par contre, pour les moments d’émotion, je sais qu’à partir du moment où ils sont interprétés par des comédiens top niveau, les scènes fonctionneront. Et j’avais pour cela une totale confiance en ceux qu’on avait réunis devant notre caméra."
  

RODOLPHE LAUGA - "Moi, à l’inverse de Manu, car le connaissant très bien, j’étais beaucoup plus confiant sur tout ce qui était comédie pure que sur les scènes d’émotion. Car pour moi, ces dernières sont absolument la clé pour qu’on ne dise pas en sortant que le film était juste marrant."


Comment s'est déroulé le montage ?


MANU PAYET - "Il y a évidemment eu des moments dont on s’est séparés à regret. Parce qu’ils fonctionnaient en tant que tels mais pas avec le film."
 

RODOLPHE LAUGA - "Et on a eu la chance d’avoir une monteuse qui a grandi entourée de mecs, donc qui n’était pas perdue au milieu de nos vannes. De toute manière, au montage, tu ne peux faire qu’avec ce que tu as en boîte. Et on a vite été rassurés en s’apercevant qu’on avait toujours une solution de sortie face aux problèmes rencontrés. Le montage s’est donc résumé à des problèmes de rythme, de narration, de logique. Et à vérifier que la vanne ne tuait pas l’émotion, ni l’inverse."
 

MANU PAYET - "Et ça se joue à rien. Car comme il y a beaucoup de dialogues, il faut laisser les choses s’installer avant que la vanne tombe. Il faut donc accepter de ne pas être dans la logique de l’efficacité pure."

 

 

 

Courtesy of StudioCanal

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