11 Septembre 2020
Premier film évoquant les désastreuses conséquences psychologiques de la guerre du Viet-Nâm, "Taxi Driver", cinquième long métrage de Martin Scorsese est basé sur l'expérience personnelle de son scénariste, Paul Schrader (et plus particulièrement de ses années les plus sombres). Le héros de ce film, Travis Bickle, incarné par Robert de Niro à l'aube de sa carrière, fait partie de ceux qui ont marqué l'histoire du cinéma mondial.
Drame psychologique souvent violent, "Taxi Driver" secoua (et secoue encore) son public. La descente aux enfers de l'ancien soldat, incapable de retrouver sa place dans un New York à la dérive, résonne encore aujourd'hui par son intensité. La ville y est ici sale et crasseuse, dealers et proxénètes s'y côtoient: Travis Bickle, rescapé du Viet-Nâm, n'y peut que constater l'échec du rêve américain. Martin Scorsese, qui collabore ici pour la deuxième fois avec Robert de Niro (et ce ne sera pas la dernière fois, loin s'en faut), se pose en peintre ultra-réaliste et filme la dérive de ses personnages dans l'enfer urbain, sans fioritures.
Parmi les seconds rôles, on notera la présence remarquée de Cybill Shepherd, d'Harvey Keitel mais également de la toute jeune Jodie Foster (12 ans lors du tournage) qui subjuguera le public et la critique. Robert de Niro, époustouflant dans le rôle de ce loser à la dérive, n'hésita pas à improviser, notamment pour la fameuse scène face au miroir (où il lance son fameux « You talkin' to me ? »). Fidèle à sa méthode immersive, il travailla comme chauffeur de taxi et étudia différentes formes de psychoses pour mieux entrer dans la peau de son personnage.
Palme d'or, et premier grand rôle de Robert de Niro (les superlatifs manquent pour qualifier sa performance), "Taxi Driver" est pour nombre de cinéphiles le plus grand film de Martin Scorsese. S'il fut un temps envisagé d'en confier la réalisation à Robert Mulligan (l'auteur du très beau "Du Silence Et Des Ombres") ou Brian de Palma, c'est le scénariste Paul Schrader qui insista pour qu'il soit mis en scène par le réalisateur de "Mean Streets". On lui en saura gré, quand on sait que "Taxi Driver" fait partie des œuvres dorénavant conservées à la Bibliothèque Nationale du Congrès américain.
Enfin, on notera que la bande originale est la dernière composée par Bernard Hermann, le compositeur attitré d'Alfred Hitchcock. Décédé avant la sortie du film, le créateur de la partition est d'ailleurs celui à qui le film est dédié.
Remerciements à Sony Pictures, Blow Up (Arte) & Laurent avec "Deuxième Séance"
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