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CRITIQUE: "ASPHALTE"

CRITIQUE: "ASPHALTE"

Synopsis: "Un immeuble dans une cité. Un ascenseur en panne. Trois rencontres. Six personnages. Sternkowtiz quittera-t-il son fauteuil pour trouver l’amour d’une infirmière de nuit ? Charly, l’ado délaissé, réussira-t-il à faire décrocher un rôle à Jeanne Meyer, actrice des années 80 ? Et qu’arrivera-t-il à John McKenzie, astronaute tombé du ciel et recueilli par Madame Hamida ?"

Sortie (France): 7 Octobre 2015

 

Critique

Nous étions passé totalement à côté lors du dernier Festival de Cannes, alors que le film était présenté en sélection officielle lors d'une Séance Spéciale. Véritable touche à tout artistique, Samuel Benchetrit revient un an après "Un Voyage", pour adapter au cinéma ses propres romans autobiographiques, Les Chroniques de l’Asphalte - dont le premier tome fut publié en 2005.

Le film débute sur les chapeaux de roues avec l'une des séquences les plus éloquentes et comiques du métrage (de l'année ?), aussi bien dans l'écriture des dialogues que l'efficacité du découpage technique et de l'interprétation des comédiens. Mais, peu à peu, le personnage de Sternkowitz (incarné par Gustave Kervern) s'abandonne dans une histoire sentimentale avec une infirmière (Valeria Bruni-Tedeschi). Le ton change ostensiblement et l'histoire de celui-ci est délaissée au profit de deux autres rencontres, deux histoires différentes... Un récit à trois tiroirs ? Le montage en parallèle ne pose pas de problème, le rythme suit mais par rapport au schéma narratif, un rapprochement sinon une complémentarité dans les rapports entre les personnages aurait été la bienvenue. Les histoires sont trop cloisonnées et aurait gagnées à offrir au spectateur des destins croisés - surtout au sein d'une même cité HLM.

Faisant preuve à la fois de sobriété et d'épuration dans sa mise en scène, l'univers de Samuel Benchetrit est fidèlement reconstruit autour de son imaginaire, basé d'après son oeuvre littéraire. Un regard différent, rêveur, est posé. On est bien loin du cinéma français habituel, cherchant à tout prix à coller au plus près du réel, à relater de la vie des banlieues et contribuer quelque part à ces clichés. "Asphalte" est l'anti "Haine", l'anti "Dheepan". Chez Benchetrit, on ne sait jamais si ce que l'on voit appartient au réel ou à l'irréel, au passé ou au présent. En revanche, une chose est certaine, il arrive à nous plonger en plein coeur d'un conte moderne, plus précisément de fables urbaines. Comme l'astronaute Mc Kenzie y fait justement allusion dans le film en évoquant l'obscurité spatiale, Samuel Benchetrit cherche à révéler au public les diamants qui se cachent dans la noirceur quotidienne. Une fois de plus, comme pour "J'ai Toujours Rêvé D'Etre Un Gangster", c'est en cela que réside le véritable tour de force du réalisateur. Après, est-ce que cette intention seule suffit pour justifier le passage sur grand écran, c'est plus discutable.

Les jeux des comédiens nous prouvent le contraire, rien à redire sur les choix du casting. Isabelle Huppert offre des envolées lyrico-dramatiques comme on les aime (rappelant au passage "La Pianiste"), et Jules Benchetrit incarne à merveille l'esprit de son père plus jeune, sans oublier celui de Marie Trintignant. Prometteur. En outre, on apprécie le retour de Raphael pour la composition de la bande originale du film.

"Asphalte" se veut à la fois intimiste et poétique, quitte à dérouter parfois vers des hors sentiers cinématographiques. Touchant.

 

Note:  (2,5/5)

 

Courtesy of Paradis Films

 

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