22 Décembre 2015
Synopsis: "Un homme, un téléphone portable, plusieurs millions d’euros dérobés, une quarantaine d’établissements bernés. Drogué à l’adrénaline que ses arnaques lui procurent, Gilbert Perez manipule et trompe ses victimes avec brio en se faisant passer tour à tour pour leur président puis un agent de la DGSE. Il rêve d'offrir à sa femme Barbara une vie normale, mais insatiable et sans limite, sa folie le mènera à sa perte."
Sortie (France): 30 Décembre 2015
Critique
Gilbert Perez (aka. Gilbert Chikli dans la vie réelle) est un génie. Dingue, certes, mais un génie. Il a réussi à concevoir l’« arnaque parfaite ».
Le but était de manipuler en touchant les cordes sensibles des personnes à l’autre bout du fil et leur faire croire que l’avenir et la survie de notre espèce dépendaient d’eux et de leur collaboration. Ces personnes acceptaient tout. En effet, le pouvoir de manipulation de Perez étant à son paroxysme, il lui était facile de les embobiner. Il les valorisait, il trouvait les mots justes pour les rallier à sa cause jusqu’à pousser très loin…
Qui croirait vraiment venir en aide aux services secrets en procédant à l’échange de l’argent dans les toilettes publiques d’un café ou d’un restaurant ? Nous nous sommes dit « mais qui peut être assez bête pour y croire ? ». Le fait est que lorsqu’un manipulateur professionnel vous prend en ligne de mire, il est difficile de réagir « normalement ». Nous nous laissons embrouiller. Et c’est là que Perez est fort. Sous ses apparences de beau parleur plein de malice, il est en réalité un homme dangereux capable de briser quelqu’un psychologiquement sans se soucier des conséquences. Perez est un sociopathe égoïste. Sa course à l’adrénaline - parce qu’au fond, l’argent n’est pas son moteur premier, c’est l’adrénaline qui le motive, le fait de se sentir au dessus de tout, au dessous de tous - va le mener à sa perte. Une fois perdu, il n’y a plus de retour possible pour lui. Ses ports d’attache envolés, le peu de responsabilité, de fiabilité et d’amour-propre qui lui restaient, n’existent plus.
La plausibilité de ce film repose sur les échanges téléphoniques. Pascal Elbé, le réalisateur, a magnifiquement orchestré ce huit-clos téléphonique. En tant que spectateur, nous percevons la tension instaurée et nous ne pouvons ressentir que de l’empathie pour les "victimes" de Perez.
Pendant longtemps, Elbé pensait interpréter le rôle principal. Ceci dit, les raisons financières et le manque de temps accordé au projet lui ont fait renoncé à vouloir endosser tous les rôles. Trois semaines seulement avant le début du tournage, Elbaz est choisi par Elbé pour interpréter Perez. Elbaz a su apporté son côté « chien fou » au personnage. Il l’a rendu sympathique jusqu’à sa perte. Jusqu’au bout, nous espérons un retour de situation et que Perez prenne conscience de ce qui est vraiment important pour lui et pour ceux qu’il aime.
Le duo Elbaz-Gayet marche à merveille. Les deux sont aux antipodes. Nous avons d’un côté la malice, la gouaille et un côté "populaire" et de l’autre la responsabilité, l’élégance et un côté "bourgeois". C’est pour ça que leur couple marche.
Seulement, quelles sont les limites d’un couple ? Jusqu’à quel point pouvons-nous supporter les frasques de l’être aimé ? Ce film pose ces questions et nous donne les réponses attendues assez crument.
En cette fin d’année, "Je Compte Sur Vous" ne nous détend peut-être pas autant qu’on l’aurait imaginé, mais il nous divertit, il nous fait rire. Il est de ce genre de films qui ne marque pas l’esprit mais on y va quand même.
Note: (2,5-3/5)
Courtesy of Rezo Films & Gaumont Pathé France
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