12 Octobre 2016
Un peu d'histoire:
"Black Mirror" est une série britannique d'anthologie, cela signifique que chaque épisode est ancré dans sa propre réalité et n'est pas relié aux autres, à la manière des saisons de "American Horror Story". Mais contrairement à elle, on ne retrouve pas les même acteurs d'un épisode à un autre.
Les deux premières saisons composées chacune de 3 épisodes, plus un Christmas Special, ont été diffusées sur Channel 4 puis sur Netflix à partir de 2016, la plateforme a d'ailleurs les droits de diffusion de la série, les deux premières saisons sont donc disponibles en France via le site.
Synopsis: "Chaque épisode de cette anthologie montre la dépendance des hommes vis-à-vis de tout ce qui a un écran..."
Alors que la troisième saison arrive dans quelques jours, nous vous proposons un retour saison par saison sur cette série vraiment pas comme les autres...
Avertissement:
Nous vous conseillons le visionnage des épisodes avant de lire les lignes suivantes. De légers spoilers peuvent intervenir.
DESTINATION... "BLACK MIRROR" SAISON 1 !
Synopsis: "Le Premier Ministre Michael Callow fait face à un terrible dilemme après le kidnapping de la bien-aimée Princesse Susannah."
Premier épisode et la série s'impose déjà avec une force rare. "Black Mirror" annonce la couleur: votre cerveau va être retourné. La réalité nous est présentée de manière très brutale, le ton est annoncé dés la première scène. Cet épisode est construit sur un suspens: le climax va t-il être celui que l'on redoute ou sera t-il tout autre ? Dans les deux cas, nous voulons que cela arrive. On veut sortir de cet univers déstabilisant qui nous fait nous poser des questions horribles sur la conscience humaine. A la manière des téléspectateurs dans la série, regarderons-nous un évènement horrible se passer pour faire comme tout le monde et satisfaire notre curiosité ?
On voit clairement dans une partie de l'épisode une critique des personnes qui consomment de la téléréalité en masse: ils sont conscients de regarder quelque chose de mauvais pour eux mais continuent de le faire. L'infirmier qui mange des chips devant le journal télévisé qui annonce un évènement tragique montre la banalisation de l'information, il se croit au cinéma et regarde ces évènements comme un divertissement. Egalement, la société se réunit dans un bar pour regarder les évènements à la manière d'un soir de match de football. La réalité est tellement térrifiante qu'à la manière du Premier Ministre, nous préférons d'abord croire que c'est une blague.
L'histoire de cet épisode pourrait très bien arriver dans notre société dés aujourd'hui. La série présente une photographie très froide, qui sera récurrente dans la plupart des épisodes. On voit très clairement une critique des chaînes d'infos 24/7. C'est sûrement l'épisode le plus déstabilisant de la série à ce jour, car l'on découvre son ton et le choc est tellement intense que l'on doit laisser passer quelques jours avant de passer à l'épisode suivant...
Synopsis: "Rejetée par le jury lors d'une émission de chant, une femme doit réaliser des tâches dégradantes ou retourner à sa condition d'esclave."
Changement d'ambiance, mais pas de ton pour ce deuxième épisode. Celui-ci fait apparaître plus clairement ce qu'il dénonce. On voit la compétition entre les individus pour obtenir la plus grande productivité, chose acceptée dans notre société actuelle mais montrée ici physiquement, concretement, à l'aide des hommes qui pédalent toute la journée pour entretenir le système dans lequel ils vivent. L'épisode dénonce l'humiliation qu'infligent parfois les jurés d'émissions de télé-crochet, ici l'exemple choisi est l'émission que l'on connaît en France sous le nom de "La France A Un Incroyable Talent".
On retrouve aussi une dénonciation de l'incitation à la consommation sur internet avec la mention "People who liked this, also liked...". On voit le culte de la célébrité à travers les pubs pour les émissions de télé-crochet quand les anciens candidats qui connaissanent désormais la gloire remercient la production. La série ridiculise les dépenses d'argent réel dans les jeux vidéos. Pas dans l'achat de ses jeux, mais les contenus bonus, tels que les accessoires pour les avatars à acheter.
Tout les appareils sont connectés, ce qui ne l'est pas est détruit, même un emballage papier n'a pas le droit d'être conservé. Avec les émissions de télé connectés, on peut prendre l'exemple de "Rising Star", les émotions sont partagées avec tout le monde. C'est ici une critique du fait de trop dévoiler son ressenti lors d'un live-tweet par exemple. La photographie est ici plus lumineuse malgré une dominance des couleurs grises et blanches, propres à la dystopie. Car oui, si vous ne l'aviez pas encore compris "Black Mirror" est une série dystopique ! Cependant, cet épisode retourne moins le cerveau au second visionnage, là où les autres gardent un impact tout de même assez fort.
Synopsis: "Dans un futur proche, tout le monde pourra être équipé d'un implant enregistrant tout ce qui sera fait, vu ou entendu."
Nous avons clairement affaire à un épisode moins marquant que les deux premiers, bien qu'il reste d'une excellente qualité. La faute à un concept présenté de manière beaucoup trop frontale, laissant peu de place au build-up qui amènerait à la révélation complête de l'intérêt et du fonctionnement de l'implant. La technologie n'est pas présentée comme un danger, mais plus comme une mesure de sécurité, comme avec les portiques dans les aéroports ou avec la baby-sitter surveillée à l'aide de l'implant de leur bébé.
C'est un épisode très, et même trop bavard. Le ton réaliste est plus appuyé, comme dans le premier épisode, et le contexte plus intimiste permet une meilleure identification aux personnages car ils sont beaucoup plus proches de nous de par l'environnement dans lequel ils évoluent. On note aussi certaines scènes avec un ton comique comme celle avec leur baby-sitter qui commente les évènements que rediffuse le personnage principal. La personne qui n'a pas d'implant est rejeté à la manière d'une personne qui aujourd'hui revendique ne pas avoir de téléphone, de télévision ou internet par exemple. Le personnage principal est plutôt silencieux lors de la première moitié de l'épisode mais se lâche lors de la deuxième partie. De ce fait, l'épisode peine à démarrer et traîner la patte.
Le personnage envoie tout voler en trop peu de temps. La réalisation est moins révélatrice de l'intrigue. La morale de l'épisode est que la technologie mise à notre disposition doit voir son utilisation contrôlée par l'utilisateur car elle peut rendre fou. N'aurait-il pas été plus intéréssant d'avoir le point de vue subjectif durant tout l'épisode ?
"Black Mirror" marque un grand coup avec cette première saison. Malgré un troisième épisode moins fort que les autres, on se retrouve scotché devant notre écran. La force majeure de la série est d'assumer totalement le fait d'être une série. Elle sait s'adresser à son public, et ne tombe jamais dans des facilités. Une série à découvrir de toute urgence !
Note: (4,5/5)
Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine, mercredi 16h30 pour la suite de notre analyse avec la deuxième saison...
Courtesy of Netflix France
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