10 Avril 2018
Censuré en Russie, le film d’Armando Iannucci ("In the Loop", "Veep") seulement dans nos salles cette semaine (alors qu’il est sorti en octobre 2017 au Royaume-Uni) fait polémique. Adaptation de la bande dessinée française éponyme de Thierry Robin et Fabien Nury (ne l’ayant pas lu, je ne me référerais pas à celle-ci), le film se veut comique et satirique tout en étant inspiré d’un fait historique réel. En effet, à la mort de Joseph Staline le 2 mars 1953, son entourage le plus proche va se battre pour savoir qui va prendre sa place. Coups bas, complots et manipulations sont de mise.
Ce film, qui se place dans le registre grotesque, ne plaira pas à tout le monde. En effet, l’humour est noir, décalé, cynique mais surtout, il est purement British. Ceux qui n’adhèrent pas à cet humour souvent particulier peuvent passer leur chemin parce que le film devient très rapidement assez lourd.
Nous sommes face à des personnages caricaturés à l’extrême et parfois agaçants (le fils de Staline joué par Rupert Friend incontrôlable), mais surtout le groupe de ministres proche de Staline qui sont au centre de l’attention, composé de Khrushchev (Steve Buscemi), Beria (Simon Russell Beale), Malenkov (Jeffrey Tambor) et Molotov (Michael Palin). Ces quatre hommes aux envies opposées vont confronter leurs idées tout au long du film, se confronter entre eux et se manipuler au travers des dialogues parfois sans intérêts, voir lents.
A mon sens, l’humour est présent pour alléger le sujet principal du film qui est d’autant plus sérieux qu’il est réel. On assiste à un combat politique qui amène parfois à des réactions démesurées et enfantines, les ministres font tout pour avoir le pouvoir tandis que celui qui remplace Staline (Malenkov) donne l’impression d’être le simplet de service qui se demande plus comment gérer son image que le pays.
Bien qu’il nous soit compliqué de retenir qui est qui, le film est intéressant dans le traitement de la manipulation des autres (se faire apprécier par la fille de Staline, prononcer un discours touchant) pour arriver à prendre le pouvoir. On se perd quelques fois si on ne connaît pas la base et les figures historiques du film.
Le film paraît théâtral dans ses plans, ses personnages et sa mise en scène ce qui semble se détacher de la réalité et nous confirme que nous sommes dans l’absurde. Le réalisateur a sûrement voulu montrer l’absurdité du régime de Staline en lui enlevant toute peur provenant du dictateur (Staline meurt en se faisant dessus) et des personnages à hautes fonctions qui passent pour des clowns.
On sera ébahis à la fin du film par la réalité omniprésente ainsi que par l’attitude déconcertante de chaque personnage, mais à part quelques rires, que restera-t-il du film ? Le côté sérieux étant absent pour laisser place à un film burlesque donne du tort au film qui paraît vide et ridicule. Soulignons toutefois le jeu des acteurs qui est plus drôle que certains dialogues (ou comiques de situations) lourds et répétitifs.
Note: 2,5/5
Remerciements à Justine de "Ptite Cinéphile" (http://ptitecinephile.wordpress.com)
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