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CRITIQUE: "LE GRAND BAIN"

CRITIQUE: "LE GRAND BAIN"

Sélectionné hors-compétition au dernier Festival de Cannes, "Le Grand Bain" signe le retour de Gilles Lellouche à la réalisation, 14 ans après son premier film "Narco". Celui-ci confie d'ailleurs avoir mis quatre ans à écrire et concevoir "Le Grand Bain". Quatre années de travail pour en arriver où? Et bien "Le Grand Bain" est indéniablement une comédie française réussie. Une comme celle que l'on aimerait voir plus souvent. Une qui touche, qui fait rire, qui fait espérer et qui fait comprendre.

"Le Grand Bain" tout d'abord c'est un concept: l'histoire d'une équipe masculine amateure de natation synchronisée, bon jusque là ça va. Sauf quand les nageurs-danseurs s'appellent Benoît Poolvorde, Guillaume Canet, Mathieu Amalric, Philippe Katerine, ou encore Jean-Hugues Anglade. Lellouche aurait pu s'arrêter là et signer un film sympa mais sans plus, où on ne verrait au final pas grand chose de plus que ce que l'on voit sur l'affiche: des mecs d'une seconde génération en slip de bain qui fait des éclaboussures. "Le Grand Bain" aurait pu être un bon moment, vite oublié une fois rentré chez soi. Mais Lellouche ne se contente pas uniquement de son casting quatre étoiles et son pitch atypique. Il va au delà de nos espérances en nous offrant plus qu'un bon moment mais un véritable bon souvenir. Un de ceux que l'on aime se rappeler en fin d'année pour se rassurer quand à l'avenir de la comédie française.

CRITIQUE: "LE GRAND BAIN"

Avec "Le Grand Bain" le réalisateur nous offre un "Full Monty" à la française, peignoirs et bonnets de bain en plus. La comparaison semble inévitable: un groupe d'hommes atypiques, une activité particulière (et peu habillé) et surtout la motivation d'un groupe de personnes qui n'ont rien à voir qui se retrouvent à se battre ensemble dans un but commun. Qui dit natation synchronisée, dit évidemment scènes mythiques. Les entraînements en poésie ou rythmés à coups de barre de fer sont des moments très drôles et toujours contrebalancés avec le calme des séances post-entraînement qui ressemblent en réalité plus à des confessions entre mecs autour d'un joint dans les vestiaires.

Lellouche tire de ses personnages principaux l'essence même de leur personnalité, leurs traits de caractère bien à eux, mais également la raison pour laquelle on aime tant les voir à l'écran. En un mot: Canet gueule, Poolvorde bougonne, Efira aime, Bekthi hurle, et Amalric déprime. Évidemment, vous me direz, ce n'est pas très innovant, certes, mais l'alchimie fonctionne si bien qu'on en demande pas plus. Et dans toute cette brochette de physiques plus détonants les uns que les autres (le mulet de Jean Hugues Anglade pourrait être à lui seul un argument convainquant pour aller voir le film), il y en a bien un qui est comme un poisson dans l'eau et le rythme dans la peau c'est Philippe Katerine. Dans toute sa bonne humeur et sa tendresse naturelle, Katerine est la sensibilité du groupe, l'ami qu'on aimerait avoir pour nous soutenir dans les moments un peu durs. On fait également une petite mention pour Alban Ivanov, toujours très naturel, que l'on avait adoré en serveur léger dans "Le Sens de la Fête".

CRITIQUE: "LE GRAND BAIN"CRITIQUE: "LE GRAND BAIN"

La palette de seconds rôles n'est pas non plus mise de côté et nous donne des moments très drôles (on veut plus de scènes avec Marina Foïs dans un supermarché!). Lellouche réussit habillement à ne pas se perdre entre les différentes histoires et passés de ses personnages et nous captive deux heures durant sans s’essouffler. Il ancre son film avec une introduction poétique et particulièrement bien écrite, qui ne pouvait rêver meilleure interprète que le timbre cassé de Mathieu Amalric. La voix off du début et de la film ancre "Le Grand Bain" dans une certaine tonalité avec une forme de conclusion morale assez légère.

Force est de constater que "Le Grand Bain" n'est pas juste une plaisanterie d'un acteur qui se la joue réalisateur et s'éclate avec ses comédiens. Lellouche nous montre ici qu'il a bel et bien un talent de réalisateur. Une belle attention est portée à l'image et aux couleurs, accompagnée d'une recherche originale de points de vue offrant ainsi quelques plans très esthétiques. Lellouche montre également un talent de scénariste, il survole la comédie française lourdingue en mettant de côté vannes poisseuses et périmées, au profit d'un comique de situations et de caractères servis par des dialogues subtils et aiguisés. On viendra même à se dire que la natation synchronisée masculine c'est tellement mieux que le water-polo.

Et si toutes les comédies françaises pouvaient rimer avec "Le Grand Bain", on serait ravis.

Note: 4.5/5

Courtesy of StudioCanal

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