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BACK 2 CLASSICS: #AKIRA (1988)

BACK 2 CLASSICS: #AKIRA (1988)

Pourquoi faut-il absolument revoir "Akira", film d’animation japonais de Katsuhiro Ōtomo sorti en 1988? Dans mes souvenirs ce film était une pépite d’animation. Mais nos souvenirs nous trompent souvent et "Akira", s’il est bien au-dessus des standards de l’animation japonaise des années 80, est quand même un peu moins bon que "Le tombeau des lucioles" ou "Mon voisin Totoro", eux aussi sorti la même année. De cette animation, on vous vendra sa fluidité sans pareil, bien sûr, et quelques scènes sont devenu culte comme celle où Kaneda s’arrête en dérapage, stoppant sa moto dans un panache de fumée; on vous dira que ce long métrage a nécessité plus de 160000 celluloïds soit un peu plus de 1000 fois plus qu’un animé conventionnel (dixit Wikipédia), mais est-on meilleur qu’un classique Disney? Pas sûr...

 

Certains vous diront: "Oui, ils ont utilisé des images de synthèses pour produire l’effet de l’aura du docteur Onishi, c’est génial!" Je répondrais que cette incrustation pique les yeux, même si cela ajoute au caractère surnaturel du truc. Regardez l’utilisation de l’informatique dans la scène de la tour de Londres de "Basil, détective privé" sorti l’année d’avant, c’est autre chose! Alors, "Akira", pourquoi c’est culte?

 

Au début, Katsuhiro Ōtomo, créa un manga, puis il vit que c’était bon, alors il continua, devant le succès grandissant de l’œuvre encrée, les sirènes du cinéma retentirent. Bien que retissant, Katsuhiro, accepta sous condition d’un contrôle total sur son œuvre. Et du coup... Bah c’est trop bien. Un scénario parfaitement maîtrisé qui nous fait suivre l’évolution de Tetsuo, sorte d’ado paumé, pléonasme! Il évolue au sein d’un groupe de petits sauvageons, partageant son temps entre un centre de redressement, un bar miteux, sa copine Kaori et des virés belliqueuses au guidon de sa moto. Profil éloigné de l’archétype du héros. De ce groupe d’ami, il n’est même pas le leader, plutôt le souffre douleur, sur lequel, Kaneda, son ami d’enfance, passe ses nerfs. Sa vie? Une vie de merde ou ses seuls moments de bonheur y sont arrachés au mépris du danger, de la vitesse et de la drogue. Cette fédération de motards en colère traverse la ville de Tokyo au prétexte de représailles contre des groupes de rivaux, on devine une guerre de territoire.

 

Tokyo, parlons-en. Tokyo, ou plutôt néo-Tokyo. Dans le prologue on apprend que la ville a été victime d’un cataclysme 30 ans plus tôt, cataclysme qui déclencha la troisième guerre mondiale. Contexte compliqué pour nos héros, devant vivre avec les conséquences d’un drame mondial, écho tragique d’un auteur dont le pays entretient des relations complexes avec le nucléaire. En fait, Ōtomo, c’est Tetsuo, c’est Kaneda, c’est ce jeune homme né après l’inconcevable et qui doit vivre avec une mémoire collective traumatisée.

BACK 2 CLASSICS: #AKIRA (1988)

Pour se soigner, néo-Tokyo prépare les jeux olympiques, espoir sans doute, mirage certainement. Les dépenses liées à cet évènement cristallisent les inégalités. L’auteur dépeint parfaitement le background social et politique de son œuvre. Émeute, terrorisme, guérilla, il y a de la vie en arrière-plan. Les classiques de SF ont souvent fantasmé le futur depuis notre passé, avec les années ce futur est devenu notre présent. Et du coup la comparaison fiction/réalité peux faire mal, il n’y a qu’à revoir "Blade Runner", pour s’apercevoir combien sa vision de 2018 est fausse et à côté de la plaque.

 

Etonnamment, nous n’avons pas cette impression devant "Akira", le quotidien est glauque mais l’omniprésence technologique des films d’anticipation habituels est ici, quasi inexistante, pas de téléporteur, de voiture volante à tous les coins de rue, au contraire certains plans lorgnent furieusement vers l’imagerie steam punk. Pas une porte qui ne s’ouvre sans relâcher un nuage de poussière, de vapeur ou de fumé et ces tuyaux, des tuyaux partout, des canalisations, des câbles, des tubes, des abductions, des évacuations, bref, des tuyaux. Des tuyaux jusque dans les corps. Akira pioche dans le body horror, les corps souffrent, ils sont torturés, démembrés, éclatés. Le corps de Tetsuo, est tellement maltraité qu’il en devient incontrôlable, poussant son propriétaire à appeler à l’aide. Ce corps finira par détruire la seule innocence de ce film, Kaori, petite ange piétinée par l’objet de son amour.

 

La péripétie, l’évènement fondateur, est un hasard, un accident, Tetsuo en est la victime. Des expériences sont menées par le gouvernement sur des enfants, Tetsuo va en devenir le cobaye. De cette expérience, une puissance va naître en lui, il est devenu l’arme tant désiré des militaires. Mais plus il devient fort, plus il devient incontrôlable. On voit littéralement sa folie à l’écran, matérialisée au travers de jouets. Durant ces moments de délire, une vision, Akira. Sa réponse. Contre Tetsuo vont se déchaîner les enfers. Les militaires vont le traquer comme un chien, un groupe de terroriste va tenter de le détruire, Kei, l’une d’entre elle, sera la raison pour laquelle Kaneda va combattre son ami. L’écran nous présente également trois cobayes.

 

Le traitement de ces personnages m’a à l’époque fait penser à ces enfants souffrant de progéria, maladie qui provoque des changements physiques qui ressemblent fort à un vieillissement accéléré. Pour les besoins de ce papier, j’ai récemment revu ce film, et là, j’ai tout de suite pensé au Précogs de "Minority Report". S’en référé à Philip K. Dick, inspirateur cyberpunk, la boucle est bouclée. Ces enfants sont uniques, tous différents, chacun à son caractère. Il y a celui par qui tout commence, celui qui provoque l’accident et l’éclosion du Tetsuo tout puissant. Il y a le prudent, celui qui s’oppose, qui tente de stopper la prophétie. Enfin, la téméraire, elle facilitera la rencontre de Tetsuo avec Akira. Je ne vous en dis pas plus, mais même si vous pensiez connaître l’histoire, la fin diverge du manga. La légende raconte que Jodorowski (Oui, Oui. Le scénariste de l’"Incal", le réalisateur de "La montagne sacrée", l’auteur de "Dune", plus grand film n’ayant vraiment jamais existé) souffla la conclusion de l’animé au maître japonais.

 

"Akira" c’est aussi une bande son magistrale orchestrée par un groupe de percussions japonaises traditionnelles, et surtout, c’est cette moto rouge, objet de mes désirs adolescents. On dirait un T-max, visionnaire. Tapé "Akira Moto" dans un moteur de recherche et regardez les images. Ho et vous avez vu "Ready Player One"? Culte je vous dis! "Akira" est présent sur Netflix alors faites-vous du bien!

Remerciements à @50NuancesDeGreg & Allociné

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