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CRITIQUE #SHAZAM

CRITIQUE #SHAZAM

Loin de la pression du MCU qui va clôturer sa phase III par l’extrêmement attendu "Avengers: Endgame" le 24 avril, DC suit sa propre voie, basée sur des Stand-alone disséminant quelque touche à l’attention du DCEU sans trop en faire, pour ne pas tomber dans un melting-pot à outrance. "Aquaman" avait joliment contribué à la renaissance du studio et c’est, cette fois-ci, un héros bien plus méconnu dans nos contrées qui débarque, le bien nommé "Shazam!".

Alors avant de parler du film, il me semble nécessaire de définir en gros ce Super Héros à la publication bien particulière. Déjà, celui-ci provient de FAWCETT PUBLICATIONS, aujourd’hui disparu après un rachat par DC. Dans les années 40, cette maison d’édition, s’inspirant du succès des aventures de Superman, établit des records de ventes faramineux grâce au personnage du jour, mais qui ne nommait à l’époque "Captain Marvel". Sauf que DC ne voyait pas d’un bon œil ce personnage semblant se moquer allègrement de leur Homme de Fer et intenta un procès à FAWCETT, qui s’avoua vaincu en 1953, mit la clé sous la porte et fut racheté par DC - qui s’en empara par la même en 1972. Mais durant ce laps de temps avec ce personnage enfermé dans les cartons de l’éditeur, le nom de "Captain Marvel" fut racheté en 1967 et DC se voit contraint de plier et renomme le personnage en Shazam qui était déjà le mot magique de sa transformation. D’ailleurs, coïncidence rigolote, "Shazam!", projet de longue date de DC accède à une sortie cinéma seulement un mois après, justement "Captain Marvel". Vous suivez?

Pour en revenir au film, il est évidemment une Origin Story, donc relativement facile d’en deviner le déroulé. Néanmoins, "Shazam!" a moult atouts à faire valoir et nous en reparlerons plus tard. L’introduction est mystérieuse, nous plaçant en 1974, quand le jeune Thaddeus est mystérieusement téléporté dans la grotte du vieux sorcier Shazam, lui expliquant qu’il doit transmettre son pouvoir à un être au cœur pur pour contenir sept monstruosités représentant les pêchés capitaux. Mais le jeune garçon échoue. On reviendra bien vite à notre époque pour suivre Billy, jeune adolescent fugueur cherchant sa mère, de laquelle il a été séparé dans une fête foraine une dizaine d’année auparavant. Reconduit à une nouvelle famille, le jeune homme, forte tête, ignore que son destin va basculer car Thaddeus adulte a retrouvé Shazam et libéré les pêchés. Le sorcier jette son dévolu sur le jeune garçon et lui donne ses pouvoirs: le voilà devenu Shazam.

Clairement, l'adaptation cinématographique titille notre fibre enfantine. Quel bambin n’a jamais rêvé devant son miroir d’être Batman? Ici, c’est la même, sauf que Billy n’y connait rien et va devoir apprendre à manier ses pouvoirs (et son corps d’adulte) avec l’aide de Freddy (plus ou moins son frère adoptif), passionnés du sujet. Ainsi, les différents essais pour savoir ce que Billy est capable de réaliser sont d’enfer. Zachary Levy ("Chuck", dans la série du même nom) s’en donne à cœur joie, tel un enfant découvrant une puissance lui permettant de détruire des pylônes, de résister aux balles, de pouvoir d’un seul mouvement balancer des malfrats à travers une vitrine et bien sur de profiter de son âge adulte pour aller dans des clubs pour adultes ou acheter de l’alcool (à consommer avec modération).

CRITIQUE #SHAZAM

Difficile de réellement savoir sur quel pied danse ce film… A de nombreux moments, on ressent l’envie de parodie, dans la découverte des pouvoirs, comme dit plus tôt, mais également à des moments clés de toutes Origin Stories, comme le sempiternel discours du grand méchant exposant son plan avant l’ultime combat, ici moqué avec génie. Tout n’est pas parfait et le film pâtit d’un ventre un peu mou, jouant la carte d’un humour parfois maladroit, sans que cela n’en soit réellement préjudiciable toutefois. C’est bien du concept même de famille dont le long métrage traitera, Billy, solitaire à la recherche de sa vraie mère, qui déploiera réellement ses pouvoirs quand celui-ci sera apte à enfin faire confiance à une famille qui ne demande qu’à l’aimer et à l’adopter. Sur ce registre, le film se montrera étonnamment tendre, dévoilant une sensibilité que les différentes (et mauvaises) bandes annonces ne laissaient même pas entrevoir. Sur ce coup, "Shazam!" vise juste et offre des moments doux auxquels le DCEU ne nous avait jamais habitués. Par la même, "Shazam!" se plaît à rappeler la présence de la "Justice League" sans tomber dans un fan service à outrance, ce qui est une excellente chose.

Le casting est étonnant, également. Produit Disney, le jeune Asher Angel parvient à se montrer plutôt touchant, même si un peu linéaire, dans le rôle de Billy, secondé par l’excellent Jack Dylan Grazer, révélé par le fameux premier chapitre du nouveau "CA", qui se permet même de lui voler un peu la vedette. Hormis Zachary Levy, parfait, Mark Strong apportera sa classe et son expérience dans les films de comics. Il a été mentor dans "Green Lantern" et "Kingsman", le voilà retrouvant un rôle d’antagoniste dans lequel il excelle (comme dans "Kick Ass"), tout en se permettant de cabotiner quelque peu (parfois de manière peu judicieuse) avant de connaître un second souffle en fin de film. Notons enfin la courte participation de Djimon Hounsou en vieux sorcier, faisant de petites infidélités à Marvel (où il est Korath pour le premier "Gardiens de la Galaxie" et … "Captain Marvel" (tout est lié).

En fin de compte, "Shazam!" n’est que la deuxième Origin Story du DCEU et, si elle n’évite pas les quelques écueils propre au style, renouvelle quelque peu le genre, lui offrant un rafraîchissement bien intéressant. Offrant une relecture très attachante à un personnage complexe qui aurait pu risquer d’être ridicule sur grand écran, David Sandberg (celui de "Dans le Noir" et de "Annabelle 2", pas de "Kung Fury") pérennise la montée en puissance de DC. Rêveur, inspirant et judicieusement placé pendant les fêtes de Noël pour mieux transmettre sa magie, "Shazam!" se regarde le cœur léger.

 

Note: 4/5

Remerciements à NCo (just_an_ellipsis)

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