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CRITIQUE #US

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 Le Doppelgänger, malgré ce qu’on pourrait penser, n’est pas une créature très répandue dans le cinéma d’horreur. Avant toute chose, il convient de le décrire quelque peu. Le Doppelgänger, dans le folklore allemand, signifie tout bêtement le double ou le sosie de quelqu’un d’autre, mais dans la mythologie, on parlera alors plutôt de double maléfique, étant en quelque sorte la version « méchante » de notre personne. Pourquoi aborder ce sujet? Parce que Jordan Peele a décidé d’y apporter sa propre vision.

 

Outre le nom d’un obscur film japonais, le Doppelgänger au cinéma existe déjà. Dans "Fight Club", par exemple, le personnage de Brad Pitt peut être vu comme la conscience libératrice de Norton, ou même l’étrange "Enemy" de Denis Villeneuve. Mais là encore, on tourne davantage dans le thriller. Pour en revenir au film du jour, c’est peu dire qu’il était ardemment attendu. Souvenez-vous en 2017, Jordan Peele, alors très méconnu, sortait "Get Out", thriller psychologique extrêmement intéressant, traitant d’une manière très inhabituelle le problème racial qui secoue les Etats-Unis encore aujourd’hui. Véritable succès surprise (et récompensé de l’Oscar du meilleur scénario original), Peele récidive cette année avec l’énigmatique "Us".

 

L’introduction est somptueuse. Entourée de mystère (et d’angle de caméra ingénieux), on y suit une petite fille se séparant de ses parents dans une fête foraine. Elle rentre dans une « maison des miroirs » où elle tombe nez à nez avec une petite fille lui ressemblant étrangement… Quelques années plus tard, cette fille est devenue Lupita Nyong’o. Accompagnée de son compagnon Winston Duke (les deux acteurs ont d’ailleurs joué ensemble dans "Black Panther") et de leurs deux enfants, ils reviennent sur les lieux pour prendre un peu de bon temps dans leur maison de vacances. Alarmée par une série de coïncidences faisant resurgir son passé douloureux, la jeune mère n’est certainement pas prête pour la nuit à venir, où les quatre Doppelgänger de la famille passeront à la traque.

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Évacuons l’évidence: Jordan Peele est un génie de la mise en scène. Chaque plan est astucieusement calculé pour faire ressortir tout un incroyable ressenti (il n’y a qu’à voir ceux sur la plage, de jour). Plus que les dialogues, ce sont les images qui parlent, chacune se veut forte, imaginative, et surtout, parlante individuellement. Chacun sera à même de ressentir différemment le film et ce qu’il a à nous offrir, c’est sans doute cela qui justifie les tels écarts d’avis, entre ceux le trouvant révolutionnaire et inspiré et les autres, dont moi, le trouvant fade et incomplet.

 

Le personnage de Winston Duke fut pour moi une véritable plaie. Débordant de charisme, son côté sidekick rigolo est d’une lourdeur abyssale, ne pouvant s’empêcher de balancer quelques petites vannes, anéantissant chaque fois trop rapidement les moments de tension et ce, même quand le personnage n’a pas à être montré (à voir parmi les séquences du dernier « combat »). Pour comparer avec "Get Out", son personnage est très comparable avec celui de Rodney, mais la différence dans le premier film, c’est que Rod est complètement à l’extérieur du récit, apportant ainsi un descriptif biaisé et hilarant d’une situation qu’il ne vit pas. Tout cela contraste évidemment avec les performances ahurissantes de Lupita et des deux enfants, chaque personnage jouant les deux facettes de leurs caractères avec une technicité dingue.

 

Mais la folie ne prend pas. Après une première heure totalement fantastique, entre une mise en place élégante de l’histoire et un jeu du chat et de la souris dans la maison, le film enchaînera les twists indigestes tout en nous tenant par la main, anéantissant chaque effet de surprise, chaque instant dramatique, débordant d’incohérences insupportables et ne soignant aucunement ses personnages secondaires et caricaturant sa propre mythologie à trop vouloir jouer sur la corde mystérieuse du cinéaste. Jordan Peele a beaucoup trop à nous dire, beaucoup trop à nous montrer sur des choses que l’on peut aisément deviner dès les premières minutes du film. De même, les très grosses références au fantastique et à l’horreur ne sonnent pas naturelle (Alice par exemple, de par cette « tanière » souterraine et ces lapins).

 

Maintenant, comme dit plus tôt, chacun sera à même d’interpréter l’œuvre différemment. "Us" cherche à pousser à l’introspection, à se demander quel genre de bête est tapie en nous, mais cela ne prend pas. Possiblement que pour un public américain, auquel le film, tout comme "Get Out", s’adresse plus qu’à nous, le message sera plus évident. "Us" est un film bancal que l’on suit sans vraiment parvenir à s’impliquer à l’intérieur. Les légers cafouillages du départ sont beaucoup trop préjudiciables, rendant l’expérience longue et amère, surtout aux vues, encore une fois, de l’intense technicité que ce film dégage. En attendant, nos yeux se tournent vers la reprise de la cultissime série de "La Quatrième Dimension", dont Peele a pris la direction, on l’espère, pour le meilleur.

 

Note: 2,5/5

Remerciements à NCo (just_an_ellipsis)

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