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LA CITE DU CINEMA

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Le cinéaste a présenté vendredi, à Saint-Denis, son vaste projet industriel de 6,5 hectares consacré à la fabrication des films. Premier clap en 2010.
Le rendez-vous avait été fixé vendredi, au 6 rue Ampère, à Saint-Denis, au nord de Paris, à deux pas de la Seine et de l'autoroute. À la grille d'entrée de l'ancienne centrale thermique d'EDF, Luc Besson avait eu la gentillesse de prévoir une berline pour emmener ses visiteurs à l'autre bout du chantier boueux, dans une immense halle construite en 1930. Là, sous des dizaines de mètres de plafond, au milieu des turbines, des fientes et des duvets de pigeons, une tasse de thé à la main pour se réchauffer, Luc Besson s'est improvisé guide pour présenter son grand projet du moment : une Cité du cinéma de 6,5 hectares qui devrait ouvrir ses portes en mai 2010, au moment du Festival de Cannes.

Pour l'instant, «il faut avoir un peu d'imagination», conçoit en souriant le cinéaste douillettement habillé d'un gros pull, d'un jean noir et portant tennis aux pieds. «Ici, la halle sera doublée d'arbres sur 300 mètres et servira à la circulation des gens. D'un côté, vous aurez les activités sédentaires avec des bureaux, dix restaurants, une crèche, et peut-être une école de cinéma. De l'autre, derrière ces piliers rouillés, vous aurez les activités éphémères, avec dix plateaux de cinéma flambant neufs et les loges des stars, qui auront cha­cune un jardin et un ascenseur privé.» Se penchant au-dessus de la rambarde, il désigne les trous béants dont on ne distingue pas le fond : «Au sous-sol, on aura 15 000 mètres carrés pour stocker le matériel et pour fabriquer les décors qui pourront rentrer directement sur les plateaux.» Et de sourire : «Comme je consomme du studio depuis trente ans, j'ai fait la liste avec mes techniciens de tous les petits trucs pratiques.»

Côté financier, ce projet coûtera 130 millions d'euros. Bizarrement, malgré sa fortune personnelle, Luc Besson n'a aucune intention d'y investir un centime, que ce soit via son holding personnel ou via EuropaCorp, sa société cotée en Bourse. «Nous dévoilerons le nom des investisseurs dans quelques semaines  », commente laconiquement le tycoon. Mais pourquoi avoir alors inscrit le nom d'EuropaCorp en lettres géantes gris foncé sur le toit des studios ? «Je pourrais être propriétaire du bâtiment qui renferme les studios tandis que je louerais la partie bureau», lâche-t-il du bout des lèvres.
La France est le plus gros fabricant de films en Europe

S'il s'est lancé dans cette aventure, c'est certes pour faire des affaires (en louant le lieu pour des tournages et aux sociétés techniques du cinéma), mais aussi pour sauver l'industrie française du cinéma, qui représente, mine de rien, des milliers d'emplois. Avec 200 films par an, la France est le plus gros fabricant de films en Europe. Or, contrairement aux Anglais, qui tournent leurs James Bond dans les studios de Pinewood, près de Londres, aux Allemands, qui ont Bavaria à Berlin, et aux Espagnols, qui louent leurs studios à des tournages comme celui d'Astérix à Alicante, la France n'a plus de studios depuis les années 1960.

«Quand on fait un film comme Le Cinquième Élément, on est obligé d'aller à Londres pendant trois mois, regrette Luc Besson. J'ai des enfants, mes 300 techniciens aussi, on préférait tous travailler à Paris. Et puis, le cinéma est un métier très manuel, avec un tissu incroyable de petites sociétés spécialisées qui fabriquent des rails de travelling, des crochets pour accrocher les lumières… À chaque fois qu'un film français part à l'étranger, elles tiennent un an, deux ans puis sont rachetées par des Américains. Ma façon de répondre à cela est de construire un outil où tout le monde pourra venir s'installer.»

Pour rentabiliser le lieu, l'idée est aussi d'y attirer les grands tournages américains. Pour l'instant, Sony, Warner et la Twentieth Century Fox dépensent de 400 à 500 millions de dollars par an pour tourner en Eu­rope, mais, faute de studios, les sociétés françaises n'en touchent pas un centime. À Hollywood, les patrons des studios, tous amis de Luc Besson, tout comme George Clooney, Julia Roberts et Bruce Willis, suivent de près la construction de la Cité du cinéma. Passer les neuf semaines d'un tournage à Paris, la ville préférée des Américains avec ses palaces, ses restaurants et ses boutiques, c'est tout de même mieux que d'aller poser ses valises pour la deuxième ou troisième fois à Bucarest ou à Prague. 



Courtesy of Lefigaro.fr

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