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A L'ANCIENNE : "LES TONTONS FLINGUEURS" (1963)

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S’il est un film qui est devenu objet de culte avec les années, c’est bien "Les Tontons Flingueurs", réalisé par Georges Lautner, et (surtout) scénarisé par Michel Audiard. Et pourtant, lors de sa sortie dans les salles obscures, ce long métrage fut accueilli plutôt froidement. Ses nombreuses diffusions à la télévision lui firent lentement, mais sûrement acquérir au fil des années le statut de film culte qui l'auréole aujourd'hui. Qui ne connaît pas les péripéties de Fernand Naudin, à qui un ancien frère d'armes mourant lègue son empire criminel et la tutelle de sa turbulente fille ? Qui n'a pas en tête quelques-unes des plus belles répliques du cinéma français, prononcées par Lino Ventura, Bernard Blier, Claude Rich ou Francis Blanche (pour ne citer qu'eux) ?


Tiré d’un roman d’Albert Simonin ("Grisbi Or Not Grisbi", édité par Flammarion dans sa célèbre Série Noire au n°…), le film n’a finalement que peu de choses à voir avec le matériau d’origine. En effet, si le roman est un authentique roman policier relatant les règlements de compte à l’ancienne entre gangsters, le film est une comédie noire dont les dialogues ciselés par Audiard ont traversé les décennies. S'il s'agit "officiellement" du troisième volet de la trilogie "Max Le Menteur" de Simonin (après "Touchez Pas Au Grisbi" et "Le Cave Se Rebiffe"), il est évident que "Les Tontons Flingueurs" dispose d'un statut à part dans ce trio de films, et dans le cinéma français.


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Tourné comme un véritable film policier, "Les Tontons Flingueurs" est en perpétuel décalage, tant les situations absurdes et les bons mots abondent. C'est en partie cette approche qui fait la réussite de cet étonnant cocktail. Mais, plus encore, l'immense talent de ses interprètes est pour beaucoup dans l'efficacité de l'ensemble. Jouant au premier degré, la cohorte d'interprètes au service des "Les Tontons Flingueurs", y compris les plus grands seconds rôles du cinéma français (Robert Dalban, Mac Ronay, Jacques Dumesnil, par exemple) se prête de bon jeu à l'exercice et en assure la réussite. Rarement les dialogues furent si savoureux dans un film, et plus rarement encore furent ils mis en bouche.


Impeccablement réalisé, scénarisé, interprété, "Les Tontons Flingueurs" est également truffé de petites pépites qui font le bonheur des cinéphiles. La bande originale, signée de Michel Magne, en est un parfait exemple. Peu l'ont remarqué, mais qu'il s'agisse d'un twist, d'une sonate, ou d'une messe de mariage, c'est systématiquement la même phrase musicale que Magne s'est amusé à décliner au fil du film. De même, l'apparition furtive de Paul Meurisse à la fin du film est une référence à la série de films consacrés au "Monocle" que Georges Lautner réalisa et dont l'acteur était la vedette. L'année suivante, dans "Le Monocle Rit Jaune", ce sera au tour de Lino Ventura d'avoir droit à son caméo.


Cet instant de grâce du cinéma français ne fut jamais renouvelé : "Les Barbouzes" tenteront l'année suivante de réitérer l’exploit, sans y parvenir, il faut bien le reconnaître. Devenu culte avec le temps, "Les Tontons Flingueurs", tel un grand millésime, n'en finit pas de se bonifier, faisant à chacune de ses diffusions le bonheur des amateurs de cinéma français.

 

 

 

 

Remerciements à Laurent avec "Deuxième Séance" (http://deuxiemeseance.blogspot.fr)

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