12 Mai 2020
La petite histoire veut que Stanley Kubrick ait découvert le roman "Paths Of Glory" dans la salle d'attente de son médecin de père. Lorsqu'il décida d'adapter à l'écran ce roman profondément anti-guerre et inspiré de faits réels, il lui fallut tout le soutien de Kirk Douglas, interprète principal et producteur de ce film.
Ce n'est pas la première, ni la dernière adaptation de roman que mit en scène Stanley Kubrick. Ce dernier était particulièrement friand de l'exercice, à cause de l'impression très forte laissée par un livre à sa première lecture. S'il découvrit effectivement ce roman à quatorze ans, l'effet qu'il lui fit est parfaitement transposé à l'écran. De la première à la dernière scène, ce film de guerre dramatique laisse à ses spectateurs une forte impression. Le destin des soldats français fusillés pour l'exemple après qu'ils aient refusé de monter à l'assaut ne peut laisser indifférent.
A sa sortie, "Les Sentiers De La Gloire" fut interdit en France, ainsi qu'en Belgique et en Espagne, car jugé diffamatoire envers l'armée et ses vétérans. Cependant, mené par son producteur audacieux (on se souviendra de ses prises de position à l'époque du Maccarthysme), "Les Sentiers De La Gloire" ne fait pas de concession, sur le fond comme sur la forme.
Témoignant déjà d'une impressionnante maîtrise technique, qu'il s'agisse des choix de photographie ou des mouvements de caméra, Stanley Kubrick impose sa patte dès ce film, convoquant les maîtres qui l'inspiraient, comme Max Ophüls ou Orson Welles. A coup de travellings magistraux et impressionnants, Kubrick montre dès les premières séquences son immense talent.
Malgré les souhaits de son réalisateur, "Les Sentiers De La Gloire" ne comporte pas de happy-end et peut laisser au spectateur un goût amer lors de sa conclusion, dont la noirceur est à peine dissipée par la ritournelle entonnée par une prisonnière allemande, provoquant l'émotion chez les soldats qui l'entendent. Inspiré par les nombreux cas de soldats français condamnés à mort lors de la Grande Guerre, ce film de guerre où s'affrontent officiers et soldats d'un même camp en dit long sur le regard que Kubrick portait sur la société.
Contrairement à ce que croyait son producteur, "Les Sentiers De La Gloire" fut finalement un succès en salles (même s'il ne put être projeté sur les écrans français qu'en 1975) et propulsa son réalisateur parmi les grands du septième art. La carrière que l'on sait pouvait commencer, pour lui. Un géant du cinéma était né.
Remerciements à Arte Cinéma & Laurent avec "Deuxième Séance"
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