14 Novembre 2019
Le calamiteux remake réalisé par John McTiernan en 2002 n'a pas réussi à occulter le film original, réalisé en 1975 par Norman Jewison (dont la renommée était déjà bien établie). Dans ce film de science-fiction emblématique des années 1970, c'est une vision très sombre de la société qui est mise en avant.
Alors que les frontières ont été abolies, le début du XXIème siécle a vu le couronnement des corporations. Si les guerres et les famines font partie du passé, le monde de 2018 n'est cependant pas celui du bonheur universel et parfait. Tous les citoyens vivent en effet sous la coupe de groupes industriels tout-puissants qui leur imposent leur style de vie. C'est ainsi que le rollerball, sport hyper-violent, est devenu la distraction la plus prisée au monde, mais aussi l'occasion pour tous de laisser libre cours à leurs instincts: il n'y a plus de guerre, il y a le rollerball. La star de ce sport, Jonathan E, au sommet de sa gloire, va découvrir les visées des groupes qui tirent les ficelles et iront jusqu'à aménager les règles du rollerball pour satisfaire les plus bas instincts des spectateurs.
Critique acerbe du sport et des médias, "Rollerball" n'a rien perdu de son impact et de sa pertinence, notamment en ce qui concerne la toute-puissance des télévisions. Scénarisé par William Harrison, auteur du roman dont il est l'adaptation (et dont il eut l'idée en assistant à un match de basket qui finit en pugilat), ce film marqua les esprits par la violence qu'il osait mettre en scène. Pourtant bien en-deçà de celle du roman originel, c'est surtout le comportement des amateurs de sport et, surtout, des multinationales qui dirigent que "Rollerball" attaque. Dans un monde que George Orwell n'aurait pas renié, l'humanité est désormais aux mains d'une élite qui dirige tout, jusqu'aux esprits.
Mené par un James Caan qui tient là l'un de ses plus grands rôles (il n'hésita d'ailleurs pas un instant à accepter l'offre), "Rollerball" témoigne du talent de conteur de Norman Jewison, cinéaste souvent engagé, toujours efficace (on se souvient de "Dans La Chaleur De La Nuit" ou de "L'affaire Thomas Crown", lui aussi objet d'un remake signé McTiernan, d'ailleurs). Bientôt quarante ans après sa sortie, ce film de science-fiction dystopique n'a rien perdu de son intelligence et de sa pertinence. A ce titre, il est à ranger dans la catégorie des classiques du genre et du Septième Art.
Remerciements à RetroBiografen & Laurent avec "Deuxième Séance" (http://deuxiemeseance.over-blog.com)
Commenter cet article