Planète Cinéphile

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CANNES 2014 : DIRECTOR'S CANNES #3

Director's Cannes

 

 

It Follows est LE film d'horreur de Cannes 2014. Présenté à la Semaine de la Critique parmi David Robert Mitchell déjà sélectionné dans la même section, en 2010, pour son premier film The Myth of American Sleepover.


Disons-le tout net, It Follows est une rénovation du film d'horreur, telle qu'on n’en a pas connu depuis Paranormal Activity. Déjà, justement, cela se faisait rare ces dernières années, il s'agit d'un film d'horreur sans found-footage aucun. Un retour en grâce à la caméra extra-diététique déjà amorcée dans le fantastique par Mama, dans le gore par le cocoriquesque Aux Yeux des Vivants et dans le slasher par le très injustement méconnu The Hole de Joe Dante. It Follows se présente immédiatement comme le porte-étendard de cette mouvance, car il utilise précisément son principe de réalisation pour générer l'angoisse. Il s'agit de mettre le spectateur aux aguets, de le pousser à regarder là où il n'y a rien à voir où à l'inverse à lui monter qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il regarde.


Pourtant le premier élément le plus convaincant du film se trouve être son pitch horrifique. Jugez plutôt. Une créature poursuit des adolescents au rythme de la marche à pied, à la manière d'un mort-vivant. Principe n°1 : elle ne peut poursuivre qu'une personne à la fois. Principe n°2 : seule la personne qu'elle poursuit et les personnes qu'elle a poursuivies auparavant peuvent la voir. Principe n°3 : si elle t'attrape elle te massacre. Principe n°4 : elle prend une apparence différente selon la personne qui la regarde et peut prendre celle d'une personne que vous connaissez. Principe n°5 : pour s'en débarrasser, il faut coucher avec quelqu'un : la créature est une maladie sexuellement transmissible à usage unique. Je vous laisse découvrir au visionnage les autres codes de la mythologie installée par ce film, aussi riche, aussi cohérente et aussi effrayante que celle d'un Freddy Kruger.


La réalisation est formidablement maîtrisée, la tension est constante, les personnages, c'est assez rare dans un slasher pour être signalé, sont construit avec finesse et efficacité, même si on n'échappe pas à quelques poncifs (du style : quand la créature poursuit une fille en particulier, c'est elle que les autres envoient vérifier si elle n’est cachée derrière la porte ... Une bonne fois pour toute, bon sang, je trouve que ce devrait être l'exigence première d'un scénario d'horreur que de ne pas mettre en scène des personnages plus bêtes que les spectateurs !)


Ce point-là écarté, le film est une réussite totale. Nous sommes là face un petit film d'angoisse fait avec trois francs six sous par un cinéaste qui, certes s'éclate, mais prend son métier au sérieux, on n'est pas du côté d'Evil Dead mais plutôt de John Carpenter ou d’un film auquel on pense beaucoup : It's Alive de Larry Cohen.


Petit anecdote cannoise très représentative. Le climat d'angoisse est tellement bien tenu, qu'à la projection de 11h30 ce matin le public entier a hurlé de terreur lorsque la porte s'est fermé derrière un spectateur, qui sortaient de la salle au milieu la séance. Je souhaite à ce petit bijou de trouver un distributeur qui verra en lui le potentiel immense qu'il porte : celui de film d'horreur d'une génération entière, comme le fut en son temps Les Griffes de la Nuit.




Courtesy of La Semaine de la Critique, Director's Cut & Sundance Channel

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