2 Avril 2014
Peu de grosses attentes cinéphiles cette semaine, ce qui permet d'équilibrer le calendrier des sorties cinématographiques avec les semaines passées et à venir. Néanmoins, on pourra découvrir dès aujourd'hui dans les salles hexagonales : "La Crème De La Crème" de Kim Chapiron, "Clochette Et La Fée Pirate" de Peggy Holmes, "Avis De Mistral" de Rose Bosch, "47 Ronin" de Carl Erik Rinsch, "Nebraska" d'Alexander Payne, "La Braconne" de Samuel Rondiere, le documentaire "Dancing In Jaffa" de Hilla Medalia et la resortie de "L'Ange Bleu" de Josef Von Sternberg - sans oublier notre coup de coeur, le nouveau Claude Lelouch, intitulé "Salaud, On T'Aime". "Planète Cinéphile" vous propose l'interview du cinéaste qui revient sur la conception de son long métrage.
SALAUD, ON T’AIME est votre quarante-quatrième film, la famille en est le thème principal. La dernière fois que vous avez traité ce sujet, c’était dans ITINÉRAIRE D’UN ENFANT GÂTÉ, mais contrairement à ITINÉRAIRE D’UN ENFANT GÂTÉ alors que le personnage principal décidait de fuir les siens, dans SALAUD, ON T’AIME, il rêve de les réunir.
Claude Lelouch : "Oui, c’est l’histoire d’un homme qui a le sentiment d’être arrivé à un moment de sa vie où il fait les choses pour la dernière fois et quand on fait les choses pour la première ou la dernière fois, c’est fou ce qu’on les déguste, c’est fou ce qu’on les apprécie. Cet homme qui a eu quatre filles avec quatre femmes différentes, a vraiment le sentiment de s’être plus occupé de son métier que de sa famille. On sent qu’il veut mettre sa vie au propre, la ranger, solder ses brouillons. C’est la première fois qu’il a envie de se poser quelque part."
Johnny Hallyday est la révélation du film. Pourtant, vous n’avez pas pensé à lui tout de suite.
C.L. : "C’est grâce à quelques acteurs qui m’ont dit non que j’ai eu l’idée géniale de trouver Johnny. Par élégance, je ne nommerai pas les acteurs que j’ai approchés avant lui, mais il n’était pas l’homme auquel je pensais au départ. Et par un jeu incroyable de peut-être, de date, c’est possible, pas possible, disponible, pas disponible... Par ce jeu incroyable, je suis arrivé à Johnny et dans la seconde où j’ai pensé à lui, je me suis dit … eurêka !"
L’amitié a une place importante dans le film. C’est l’ami de toujours qui va faire basculer le destin du photographe. Que représente l’amitié pour vous ?
C.L. : "L’amitié est une roue de secours de l’amour. Comme on le dit dans le film, un ami c’est quelqu’un qui te connaît très bien et qui t’aime quand même. Je crois que cela résume parfaitement le mot amitié. Avec un ami, on se repose. C’est quelqu’un à qui on peut dire des bêtises sans que ce soit retenu contre vous. Un ami ne juge pas, avec lui, tu peux penser à haute voix. C’est aussi une sorte de psychanalyste bon marché. L’ami répond du tac au tac, il est plus dans la spontanéité que dans l’intelligence, et surtout, c’est un moyen de briser la solitude. Les gens sont si seuls ... Ce que j’aime aussi chez ce personnage, c’est qu’il est lâche. Et les copains, ça sert à ça aussi, à aller au feu à sa place. On a des moments de lâcheté et très souvent on demande à un copain de faire un truc, qu’on n’a pas le courage de faire."
Il y a beaucoup de personnages féminins dans ce film.
C.L. : "Oui, c’est un film de femmes. Ce sont des femmes qui disent à un vieux macho : SALAUD ON T’AIME. Parce que Johnny et Eddy sont terriblement machos dans ce film, dans le sens noble du terme puisqu’ils respectent infiniment les femmes qu’ils côtoient. J’ai toujours considéré que les femmes étaient plus courageuses que les hommes. Surtout celles qui ne cherchent pas à ressembler aux hommes. Et plus le temps passe, plus cela se confirme. D’ailleurs, à titre personnel, j’ai beaucoup plus d’amies que d’amis. Le seul défaut des femmes, c’est qu’elles ne savent pas pardonner. Quand elles disent, je te pardonne, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas de zone de tolérance dans le pardon des femmes. Un homme peut parvenir à oublier. C’est la plus grande différence qu’il y a entre les hommes et les femmes. Quand une femme
est déçue, c’est foutu."
Vous avez écrit SALAUD, ON T’AIME avec Valérie Perrin. Est-ce la première fois qu’une femme collabore à l’écriture d’un de vos scénarios ?
C.L. : "Non, j’ai travaillé avec une autre Valérie (Bonnier) sur l’écriture d’IL Y A DES JOURS ET DES LUNES. Mais c’est si peu compte tenu que j’ai fait 44 fi lms ! Cependant, tous mes films sont des hommages aux femmes. À part LA FEMME SPECTACLE, dont j’ai honte. Sur SALAUD, ON T’AIME, il y a autant de dialogues d’homme que de femme. Il n’y a pas d’arrangement ... Valérie Perrin est ma complémentarité. Je commence les phrases, elle les termine. Je pense, elle m’entend. Je construis, elle détruit. Et ceci est valable dans les deux sens. On a envie de dire les mêmes choses, mais de manière différente. Elle, avec sa sensibilité de femme et moi, d’homme. Quelques jours avant le tournage, j’ai remanié le scénario et supprimé certains dialogues ... que Valérie regrette. Vous voyez, je peux vraiment être un salaud."
La symphonie du temps qui passe. Francis Lai et Christian Gaubert.
C.L. : "Les quatre saisons de Vivaldi revisitées par Francis et Christian.
Comme d’habitude, j’ai lu le scénario à Francis et il a transformé les mots en notes de musique ... celles que j’espérais."
Courtesy of Les Films 13 & Paname Distribution (Photo Laetitia Halliday)
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