Planète Cinéphile

Cette semaine

PLANETE CRITIQUE : "LE VENT SE LEVE"

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Synopsis :

 

"Inspiré par le fameux concepteur d'avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l'empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d'une importante entreprise d'ingénierie en 1927. Son génie l'impose rapidement comme l'un des plus grands ingénieurs du monde. 'Le Vent Se Lève' raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l'épidémie de tuberculose et l'entrée en guerre du Japon. Jiro connaîtra l'amour avec Nahoko et l'amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l'aviation dans une ère nouvelle. Hayao Miyazaki a uni deux hommes ayant existé, l'ingénieur Jiro Horikoshi et l'auteur Tatsuo Hori, qui vécurent à l'époque où se déroule 'Le Vent Se Lève', pour créer Jiro, le personnage de fiction qui est au centre de cette grande histoire d'amour et de persévérance, qui parle des défis que pose la vie et de la difficulté de faire des choix dans un monde en plein chaos."

 

Sortie (France) : 22 Janvier 2014

 

 

Critique :

 

Tout a un début et une fin. Chers amis, je me dois de vous écrire ces quelques lignes, l'immense et talentueux cinéaste, dessinateur et animateur japonais Hayao Miyazaki nous quitte aujourd'hui, avec la sortie en salle de son ultime long métrage d'animation : "Le Vent Se Lève".

 

Vous vous demandez sans doute, pourquoi le choix de ce titre : "Le Vent Se Lève" ?! Comme l'explique très justement le dossier de presse du film : "Le titre, "Le Vent Se Lève", vient du roman éponyme écrit par Tatsuo Hori. Hori a lui-même emprunté son titre à un poème de Paul Valéry intitulé Le Cimetière marin, 'Le vent se lève, il faut tenter de vivre', qu'il a traduit en japonais : 'Kaze tachinu, iza ikimeyamo'. Le film combine Jiro Horikoshi et l'écrivain Tatsuo Hori, deux personnes réelles ayant vécu à la même époque, en un personnage fictif : notre personnage principal, Jiro. C'est une oeuvre de complète fiction, inhabituelle, qui dépeint la jeunesse des années 1930. Notre histoire est une toile tissée avec pour chaîne la naissance du chasseur Zero, qui deviendra un véritable mythe, et pour trame la rencontre, puis la séparation d'un jeune ingénieur et d'une belle jeune fille au destin tragique, Nahoko. Transcendant le temps et l'espace, Caproni vient ajouter à cette toile une touche de couleur."


Véritable évènement cinématographique de ce début d'année, "Le Vent Se Lève" de Hayao Miyazaki transporte le spectateur dans les plus hautes limbes de l'imaginaire japonais. Une nouvelle pépite intemporelle qui sait aborder de nombreuses thématiques qui vont des forces de la Nature, à la rencontre de l'Amour, en passant par l'Histoire de l'industrialisation du Japon. A la fois écologiquement très dans l'air du temps mais profondément ancré dans la culture japonaise, "Le Vent Se Lève" souffle les rêves d'utopies nostalgiques. Rêver dans les annés 30 que l'homme puisse un jour voler dans le ciel - souvenirs de jeunesse du cinéaste rendant hommage à son père, directeur de Miyazaki Airplane. Très bel hommage, passionné et passionnant. D'autant plus poignant que l'histoire du film retrace le destin idéaliste d'un ingénieur Jero confronté à la Seconde Guerre Mondiale, le tout savamment mêlé à une émouvante histoire d'Amour qui s'avèrera impossible. Le tour de force du film "Le Vent Se Lève" réside dans cette capacité à pouvoir déclarer "vivre pleinement ses rêves", tout en conservant indépendance et liberté. L'esprit de l'enfant reste intact bien que le temps détruise tout.

 

 


 

Lorsque l'on est aussi sensible à l'univers d'un cinéaste tel que celui d'Hayao Miyazaki et que l'on connait, un tant soit peu sa filmographie, on ne peut qu'assister ému à ces dernières séquences toujours prodigieusement authentiques et poétiques. Vraisembablement l'une de mes expériences les plus émouvantes au cinéma, proche de la catharsis, les larmes à l'oeil quasiquement du début à la fin du film. Que de sincérité dans les propos et la communion du fond et de la forme ! Tant Hayao Miyazaki transcende une nouvelle fois le sujet de son film, par ses intentions de mise en scène extraordinairement singulières. Artiste sensible et illuminé, il a cet indicible pouvoir (talent) de nous prendre aux tripes tout en nous révélant, d'une délicate simplicité, la pureté et la beauté de cette nature qui nous entoure, ces petits riens du quotidien et de tous ces exquis souvenirs qui façonnent une Vie - qui peuvent d'ailleurs s'apparenter à la sagesse du travail d'un dessinateur/animateur de cet acabit. Pouvoir d'autant plus puissant qu'il est renforcé, plan par plan, par cette "patte" si singulière, reconnaissable entre toutes, celle du travail d'un artisan du dessin, de l'artiste qu'est Miyazaki. Et pour ne rien gâcher du plaisir de ce petit bijou cinéphilique "haute facture", la bande originale du film (et en particulier le thème), signée Joe Hisaishi, se rèvèle être tout bonnement somptueuse.

 

Le pouvoir du moment présent.


L'un des leitmotiv de la filmographie de l'auteur et qui revient, en coups de vent, dans cet ultime long métrage. Le "ici et maintenant", telles des raffales, manifestations invisibles mais que l'on perçoit et que l'on entend. Le vent, un personnage à part entière - dans le fond, puissament Miyazakien (que l'on retrouve dans nombre de ces films) - et dont sa présence nous rappelle l'importance de rester dans l'instant présent et savoir profiter de la pleine conscience. Peut-être l'un des pouvoirs magiques de ce monde dans notre réalité d'être humain ? Dans l'extrait ci-dessous, associé le vent au train qui est l'un des motifs sinon l'une des représentations les plus symboliques du cinéma, notamment de part son histoire ("L'arrivée d'un train à la Ciotat" des frères Lumière), et nous obtenons, l'une des séquences majeures du cinéma de Miyazaki.

 

 

 

 

 

Bien évidemment, et par-dessus tout, je soutiendrai le film le 3 Mars prochain, souhaitant que l'ultime oeuvre cinématographique de Hayao Miyazaki remporte l'Oscar du Meilleur Film d'Animation !

 

J'espère que comme moi, vous irez à la projection du film en ayant conscience d'assister à l'ultime chef-d'oeuvre de l'un des maîtres de l'animation contemporaine. J'ai ajouté une photo ainsi qu'une légende lors de ma sortie de projection en Décembre dernier (via Instagram) : "Le Vent Se Lève - Toujours très émouvant de découvrir une œuvre de #Miyazaki et encore plus sa dernière. Haut dans le ciel".

 

Un chef-d'oeuvre d'animation comme l'on n'en verra probablement plus. Hayao Miyazaki nous manque déjà, tout a un début et une fin.

 

Note :  (5/5)

 

 

 

Courtesy of Studio Ghibli & The Walt Disney Company France

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