Planète Cinéphile

Cette semaine

PLANETE CRITIQUE : "SPRING BREAKERS"

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Synopsis :


"Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile ..."

 

Sortie (France - Interdit - 12 ans) : 06 Mars 2013

 

 

Critique :

 

Spring Breakers c’est l’histoire de quatre minettes (Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson et Rachel Korine) d’une vingtaine d’années qui rêve de s’évader de leur vie routinière et qui pour cela braque un café pour pouvoir partir en Spring Break. Le Spring Break c’est cette fête où pendant deux semaines des jeunes se perdent dans l’alcool, la drogue et la musique pour oublier leur quotidien.

Mais avant d’être cette histoire, durant laquelle les quatre filles rencontrent Alien (James Franco) qui les emmènera au bout du fantasme, c’est le climat d’une génération qui est dépeint dans ce film. Harmony Korine, le réalisateur qui s’était déjà frotté à la jeunesse en scénarisant Kids ou en réalisant Gummo, saisit avec une pertinence incroyable la perdition d’une génération qui n’a plus de repère dans un monde de tous les possibles. Le portrait se fait à travers un excès de couleurs, de sons, d’énergie et avant tout un excès d’excès car c’est de cela que parle le film : Jusqu’où peut aller une génération qui n’a plus prise avec la réalité car elle peut tout et ne veut donc plus rien ?
C’est l’autre côté de la pièce du rêve américain qui est dépeint et pour cela on nous pousse à saturation de tout, comme les protagonistes sont eux même saturés de leur propre vie et leurs envies. 

Harmony Korine arrive à mener cette mission à bien sans jamais juger ses personnages malgré leurs évidents abus et la facilité avec laquelle il aurait pu tomber dans ce registre. On y traverse la culture Pop et on se retrouve nous même, comme ces quatre filles, distancé avec la réalité, repoussant les limites jusqu’à saturation totale. 
C’est l’image, un peu comme l’affiche du film présentant ces filles angéliques en prise à la débauche, d’une innocence corrompu par un besoin d’autodestruction motivé par une vie et une société d’excès (de consommation, de possibilité, d’envie, de choix, de tout…). Il n’y a pas d’enfer ou de paradis, de dramatisation ou de jubilation, juste un constat. Le recul est posé par ce qui rend cette génération distante de sa réalité, le fait que tout y semble irréel, à la façon d’un jeu vidéo comme l’une des scènes les plus brillantes du film nous le montre avec talent. 

Personne n’y réagit pareil, probablement souvent en fonction de la génération à laquelle on appartient, on est gêné, perturbé, touché, piqué au vif, énervé, attendri, emporté ... En tout cas c’est un film qui ne laisse pas de marbre et qui, contrairement à ce que beaucoup en ont dit, porte un réel propos sur les protagonistes et la société dans laquelle ils vivent. 

Un conseil cependant : à ne surtout pas regarder en VF, les doubleurs n’ont pas l’air d’avoir compris la profondeur du film et l’ont pris pour un banal Teen-movie qui donne la nausée. 

Tentez l’expérience, vous pourriez mieux comprendre une génération qui ne se comprend plus.


 

Remerciements à Célia

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