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CRITIQUE: "LA FORME DE L'EAU"

CRITIQUE: "LA FORME DE L'EAU"

"La Forme de l'Eau" ("The Shape of Water") marque le retour très remarqué de Guillermo Del Toro avec ce long métrage qui fait énormément parler de lui. Peut-être trop ? Certain en attendait peut-être beaucoup de ce film et ont été déçus, d’autres ont été touchés par la poésie narrative et visuelle de ce film; dont moi. Nommé 13 fois pour les prochains Oscars, il est évident que les spectateurs allaient être au rendez-vous pour voir cet ovni apparemment très apprécié de tous. Del Toro nous raconte un morceau de vie d’Eliza Espasito (Sally Hawkins joue ce personnage muet depuis son enfance) qui est femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental top secret où se déroule une expérience qui va changer sa vie.

C’est poétique, c’est doux, c’est beau, c’est merveilleux, c’est drôle mais c’est aussi violent, colérique, perturbant et glauque. Tous ces sentiments qui se confrontent sont, dans le film, excellemment biens dosés. En effet, nous sommes par exemple dans une scène stressante d’interrogatoire et le personnage d’Eliza (qui parle en langage des signes) insulte son supérieur sans qu’il le sache et c’est absolument hilarant. Mais le personnage qui amène réellement l’humour est celui de Zelda (Octavia Spencer) qui parle sur le dos de tout le monde à sa meilleure amie (Eliza) avec des répliques cinglantes sur les hommes et son mari. En effet, le sujet du film est majoritairement l’amour mais parle également d’accepter l’inconnu, les relations hommes/femmes, les exclus de la société à cause de leurs différences, tout ça sur fond de guerre froide. Le méchant du film n’est pas celui que vous croyez. Le film se situant en pleine guerre froide donc, permet à Del Toro de mettre en scène des hommes prêts à tout pour avoir un avantage, une nouveauté à étudier en la « personne » de l’homme-poisson. Celui-ci est très beau visuellement et subit la colère des hommes alors qu’il n’a rien demandé. Alors oui, l’humour est le bienvenu !

CRITIQUE: "LA FORME DE L'EAU"

La majorité du film se passe la nuit puisque le travail d’Eliza consiste à nettoyer les locaux de nuit. Pourtant, la lumière ne vient pas de vieux néons qui grésillent, mais celle-ci est très travaillée et sublime des locaux peu sympathiques. Le film est plongé dans des couleurs bleutées ce qui rappelle le rêve, le fantastique et l’eau évidemment. Parce que l’image de l’eau est centrale dans le film et est présente sous toutes ses formes (le monstre dans l’eau, le bain d’Eliza tous les matins, l’eau qui bout pour les œufs, l’eau pour nettoyer le sol, la pluie...).

Le film est assez lent et met bien tous les éléments en place. L’action débute doucement avec l’arrivée du "monstre" dans le laboratoire, une arrivée qui va attirer Eliza et qui va entraîner d’autres personnes dans son sillon. En définitive, le monstre permet de rassembler plusieurs personnages autour de lui qui paraissent exclus de la société. En ce sens, tous les personnages sont importants pour l’histoire puisqu’ils ont tous un point commun/un lien avec l’homme-poisson. Mention spéciale pour Michael Shannon qui est tellement formidable dans son rôle de sadique fou qu’il arrive à nous faire peur à travers l’écran de cinéma. Le final est au summum de l’action et du suspense, vous prenant aux tripes jusqu'à la sortie de la salle de cinéma. D’ailleurs, Del Toro fait un clin d’œil au cinéma puisque Eliza habite au-dessus d’une salle de cinéma (majoritairement vide) mais également à travers la télévision où son voisin de palier regarde des comédies musicales. Ici, le cinéma rapproche et fascine et l'on trouve cela beau de faire un clin d’œil à son art.

En résumé, malgré la lenteur du film, celui-ci mêle idéalement poésie et suspense, magie et réalité, violence et amour. Ces oppositions donnent lieu à un film fantastique qui réussit son pari de faire rêver tout en faisant paniquer le spectateur. L’histoire m’a complètement absorbée, les images (ainsi que la lumière) sont magiques et malgré quelques passages glauques et des scènes vides, le film a réussi à me convaincre largement ! Toutefois, il est compréhensible que le film ne convienne pas à tout le monde; si vous voulez de l’action toutes les cinq minutes, vous risquez de vous ennuyer compte tenu de la lenteur et de la poésie qui « fabriquent » le film.

Note: 4,5/5

Remerciements à Justine de "Ptite Cinéphile" (http://ptitecinephile.wordpress.com)

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