10 Décembre 2014
De nombreuses nouveautés à découvrir, encore cette semaine, dans les salles obscures. En ce mois de Décembre, quoi de mieux que de se retrouver au chaud, devant un bon film... "Timbuktu" de Abderrahmane Sissako, "Le Père Noël" de Alexandre Coffre, "Men, Women & Children" de Jason Reitman, "Qu'Allah Bénisse La France" de Abd Al Malik, "Le Chant De La Mère" de Tomm Moore, "Search Party" de Scot Armstrong, "La Belle Jeunesse" de Jaime Rosales, "Les Petites Fugues" de Yves Yersin, "Something Must Break" de Ester Martin Bergsmark, "Que Justice Soit Nôtre" de Jean-Pierre Delépine & Alix Bénézech, la ressortie de la version restaurée de "A Hard Day's Night (Quatre Garçons Dans Le Vent)" de Richard Lester, sans oublier l'ultime volet qui clôt la saga du "Seigneur Des Anneaux", "Le Hobbit: La Bataille Des Cinq Armées" de Peter Jackson. Notes de production puis critique du film.
Notes de production:
LE HOBBIT: LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES représente, pour Peter Jackson, l'aboutissement de 16 années consacrées à mettre en scène et en images l'univers d'une richesse spectaculaire de la Terre du Milieu, imaginé il y a près d'un siècle par J.R.R. Tolkien dans "Bilbo le Hobbit" et "Le Seigneur des Anneaux".
Publié pour la première fois en 1937 par le grand écrivain – qui était aussi poète, professeur d'université et philologue –, "Bilbo le Hobbit" ou "Histoire d'un aller et retour" a d'abord été conçu comme un recueil d'histoires destinées aux enfants de l'auteur. Au cours des 17 années suivantes, Tolkien a continué à développer et enrichir la mythologie complexe de la Terre du Milieu pour aboutir au récit foisonnant et apocalyptique du "Seigneur des Anneaux". Ces écrits majeurs ont profondément marqué la littérature mondiale et se sont imposés comme l'une des sagas romanesques qui s'est le mieux vendue au monde et qui a nourri l'imaginaire de générations entières de lecteurs.
L'un de ces lecteurs n'était autre que Peter Jackson adolescent: il a ainsi découvert la Terre du Milieu à l'occasion d'un voyage en train à travers sa Nouvelle-Zélande natale, mais ce n'était là que sa première incursion dans ce territoire. Dès 1995, le réalisateur avait déjà envisagé de porter "Bilbo le Hobbit" à l'écran, espérant ensuite enchaîner avec "Le Seigneur des Anneaux". Il se trouve que Jackson a parcouru la trajectoire de Tolkien en sens inverse, puisqu'il a d'abord signé l'adaptation du "Seigneur des Anneaux", oscarisée, avant de se plonger dans les origines de la mythologie, en faisant preuve des mêmes prouesses techniques qu'antérieurement et en réalisant une œuvre spectaculaire de même envergure.
Pour incarner les personnages mythiques de la saga, la production a réuni des acteurs talentueux, comme Martin Freeman (Bilbon Sacquet), Richard Armitage (Thorïn Écu-de-Chêne), Luke Evans (Barde l'Archer), Evangeline Lilly (l'Elfe Tauriel), Lee Pace (le roi des Elfes Thranduil), Billy Connolly (Daïn Pied d'Acier), et Benedict Cumberbatch (qui prête vie aux redoutables Smaug et Sauron).
Dans la nouvelle trilogie, le réalisateur retrouve aussi certains comédiens du SEIGNEUR DES ANNEAUX près de dix ans après sa réalisation, comme Ian McKellen (Gandalf le Gris), Cate Blanchett (Dame Galadriel), Hugo Weaving (Seigneur Elrond) et Orlando Bloom (Legolas), Christopher Lee (Saroumane le Blanc), Ian Holm (Bilbon Sacquet âgé) et Andy Serkis (qui campe Gollum et assure la fonction de réalisateur deuxième équipe).
Ensemble, Jackson, ses fidèles collaborateurs et ses comédiens venus du monde entier se sont lancés dans une toute nouvelle aventure, s'engageant dans un tournage de neuf mois aux quatre coins de la Nouvelle-Zélande : ils ont ainsi donné naissance à trois films, LE HOBBIT: HISTOIRE D’UN ALLER ET RETOUR sorti en 2012, puis LE HOBBIT: LA DESOLATION DE SMAUG, sorti un an plus tard, et, enfin, LE HOBBIT: LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES, troisième et ultime volet de la trilogie, qui débarque aujourd'hui en salles.
Au moment où le cinéaste s'apprête à plonger le spectateur une dernière fois en Terre du Milieu, il constate que, tout au long de ce périple cinématographique, c'est sa passion pour l'univers de Tolkien et son désir de le porter à l'écran qui l'ont guidé.
"À l'époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX, la pression était grande parce qu'il s'agissait d'un projet d'envergure totalement inédit et que nous n'avions pas le recul et l'expérience que nous avons aujourd'hui", rapporte le réalisateur oscarisé. "Ces films ont été projetés dans le monde entier et ont marqué la culture populaire, si bien que la pression n'était pas la même pour cette nouvelle trilogie. Mais il n'y a qu'une manière de s'y prendre – c'est de rester fidèle à ses convictions artistiques. Quoi que j'aie entrepris au cours de ma carrière, j'ai toujours cherché à réaliser des films que j'aimerais découvrir en tant que spectateur. J'ai été très heureux de voir que les fans ont réservé un formidable accueil aux deux premiers volets de la trilogie du Hobbit, car nous sommes nous-mêmes des fans ! Mais c'est tout aussi exaltant de faire découvrir cet univers et cette formidable mythologie à une nouvelle génération de spectateurs en remontant aux racines de l'histoire".
Comme à son habitude, Jackson a coécrit le scénario de ce troisième opus avec ses fidèles collaborateurs Fran Walsh, Philippa Boyens, et Guillermo del Toro. Philippa Boyens, également coproductrice de la trilogie, explique que les coauteurs ont eu le sentiment que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX était destiné à être écrit avant LE HOBBIT. "À bien des égards, nous avons largement bénéficié de l'expérience de la trilogie précédente", dit-elle. "Cela a également enrichi notre perspective et nous a procuré un contexte dans lequel l'histoire du Hobbit se déroule. Par ailleurs, cette expérience nous a permis de mieux cerner l'enchaînement entre cette aventure et la mythologie extraordinaire au cœur du SEIGNEUR DES ANNEAUX".
Le récit de Bilbon Sacquet, qui s'engage dans une aventure aussi fascinante que périlleuse dans la nature en compagnie de Gandalf et des Nains, mêle les thématiques chères à Tolkien: les liens d'amitié, le sens de l'honneur et du sacrifice, la corruption qu'engendrent la richesse et le pouvoir, et le courage discret d'improbables héros capable de tenir en respect les plus grandes forces du mal.
Pourtant, même pour Tolkien, le roman tel qu'il a été publié ne relatait pas le récit dans son intégralité. En effet, l'auteur a détaillé dans 125 pages d'annexes les forces du mal et les héros positifs qui s'affrontent en Terre du Milieu à l'époque du "Hobbit", liant ainsi de manière organique l'aventure de Bilbon et celle dont son neveu Frodon Sacquet héritera par la suite. "Le professeur Tolkien nous a légué de précieuses informations dans les annexes du 'Seigneur des Anneaux'", souligne Fran Walsh, également productrice de la trilogie. "Il faut dire qu'il avait besoin d'enrichir cet univers et d'en révéler davantage, ce qui nous a permis de donner plus d'ampleur au récit à travers ces trois films, tout en restant fidèle aux intentions de l'auteur".
Grâce aux récits présents dans les annexes, Jackson a pu entamer la trilogie sur un ton plus léger, puis adopter une tonalité plus sombre dès lors que la guerre totale occupe le devant de la scène. "La bataille titanesque est l'aboutissement des trois films et des différents fils conducteurs qui continuent à se dérouler alors même que les armées s'affrontent sur le théâtre des opérations", note Jackson. "Alors que les différents personnages affirment leurs priorités et que leurs conflits atteignent leur paroxysme, le récit mêle tension, suspense, victoires éclatantes et tragédie. Tout ce qui précède – la révélation de la nature des personnages et de leurs combats – trouve alors son aboutissement. À mes yeux, il s'agit de l'épisode le plus fort et le plus émouvant de la trilogie, et qu'il rend hommage à l'ensemble des personnages que nous avons rencontrés au cours de cette épopée".
Le film campe également le décor de la Terre du Milieu que le spectateur retrouvera 60 ans plus tard, à l'époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX: LA COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU. Le réalisateur précise : "On comprend dès lors comment l'aventure de Bilbon s'inscrit dans l'histoire et les vrais enjeux de la Bataille des Cinq Armées, pas seulement pour les personnages, mais pour toute la Terre du Milieu. Tolkien a progressé de livre en livre, alors que nous avons dû détricoter son travail pour ainsi dire afin de mêler les deux trilogies, ce qui a été à la fois ardu et exaltant".
À la fois chapitre final de la trilogie et prélude au SEIGNEUR DES ANNEAUX, LE HOBBIT: LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES est la clé de voûte de la légende de la Terre du Milieu. "Nous sommes bien conscients que, d'ici 20 ans, les gens ne regarderont peut-être pas ces films dans l'ordre dans lequel ils ont été tournés, mais qu'ils les verront selon la chronologie du récit", reprend le cinéaste. "En nous attelant à la trilogie du Hobbit, on espérait que le public puisse se dire qu'elle aboutit logiquement à LA COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU, puis au cataclysme du RETOUR DU ROI. Nous espérons vraiment que, pour les futures générations, les six épisodes feront partie d'une seule et même saga".
Critique:
L'attente était à son comble Mardi dernier, lors de la projection presse de l'ultime volet de la trilogie du "Hobbit". Petit retour sur nos impressions à chaud...
Tant elle est importante pour la compréhension de l'ensemble du récit, cette troisième partie de l'adaptation du "Hobbit" de J.R.R. Tolkien est véritablement perçue comme la pièce maîtresse d'un puzzle tout aussi dément que royal. Un an après la sortie en salle de "Le Hobbit: La Désolation De Smaug" (treize depuis le début de la saga), nous voici face à cet écran blanc où apparaît les lueurs des derniers instants de vérité délivrés par Peter Jackson - inutile de préciser que l'émotion est palpable dans la salle. Les premières séquences s'enchaînent et un premier noeud dramatique, qui se révèle être une sorte de leurre narratif au sein de la trilogie, prend fin assez rapidement. Débute alors, le début de ce à quoi ce troisième acte est consacré: la bataille des cinq armées.
Tel un jeu de construction, cette "guerre totale" prend forme astucieusement au fur et à mesure des scènes de la première heure et demi. Notamment, par la continuité du montage parallèle précédemment utilisé - entre d'un côté Bilbo Sacquet et des Nains d'Érebor, et de l'autre, Sauron et ses légions d'Orques. À cet égard, on remarquera des défilés de milliers de guerriers déboulant du fin fond de la Terre Du Milieu, sans en soupçonner l'existence. Même s'il y a depuis le début un véritable parti pris de coller au plus près de la narration de Bilbo Sacquet, peut-être que ce troisième volet était l'occasion de montrer davantage la préparation et l'expansion de ces forces du mal en amont ? Peut-être que cette bataille finale aurait pu être (un peu) mieux amenée ?
Concernant la bataille en elle-même et ces 45 minutes de combats, Peter Jackson nous démontre qu'il maîtrise toujours autant sa mise en scène, et nous rappelle qu'il est bien celui qui remporta l'Oscar du Meilleur Réalisateur pour "Le Seigneur Des Anneaux: Le Retour Du Roi" (en 2003). Techniquement, il n'y a rien à redire tant au niveau des prises de vue, de la lumière, des figurants, des décors, des costumes, des maquillages, qu'au niveau des effets spéciaux. Bien que parfois indigestes, certains d'entre eux sont assez époustouflants et semblent même être spécialement créés pour l'occasion - aussi, le travail de matte painting retranscrit bien à l'image cette impression de vastes espaces. On notera cependant un seul et unique CGI qui passe plutôt bizarrement - lorsque Legolas remonte au ralenti les marches d'un escalier qui s'effondre, lors de son duel. L'effet apparaît peu crédible par rapport au corps du personnage, par rapport à sa force gravitationnelle et par rapport au ralenti; ce surplus d'effets à un moment donné du film étonne d'un point de vue extérieur (des spectateurs ont même souri dans la salle). Scénaristiquement, on joue dans un rythme binaire, mélange entre duels et séquences de la bataille. Tout au long de cette ultime combat, on notera également une certaine facilité à avoir recours aux Deus Ex Machina (Les Nains, les Aigles, etc.).
À plusieurs reprises durant la projection, nous nous sommes demandés l'utilité de nos montures 3D sur le nez, sans réponses valables. On espère une meilleure justification et d'avantage de réflexion sur le sujet, pour les suites d'Avatar.
Sans grandes surprises, "Le Hobbit: La Bataille Des Cinq Armées" clôt comme il se doit, l'une des plus prestigieuses sagas de l'Histoire du cinéma. On préfèrera légèremment "Le Hobbit: Un Voyage Inattendu" et "Le Hobbit: La Désolation De Smaug" à ce dernier opus. À découvrir dans sa conception d'origine (HFR 3D) et, de préférence, à la suite des deux précédents volets - éventuellement/logiquement, avant la trilogie du "Seigneur Des Anneaux".
Note : (3,5/5)
Courtesy of Warner Bros. Pictures France
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