Planète Cinéphile

Cette semaine

#DEAUVILLE2015: JOURS 5 & 6 ("LES POINTURES À L'HONNEUR")

#DEAUVILLE2015: JOURS 5 & 6 ("LES POINTURES À L'HONNEUR")
#DEAUVILLE2015: JOURS 5 & 6 ("LES POINTURES À L'HONNEUR")

Chèrs Amoureux du Cinéma,

 

Après une légère baisse de tension en milieu de semaine, le rythme du Festival Américain de Deauville est remonté d’un cran: marathon d’hommages, débarquement de stars, pointures du cinéma et réadaptations de classiques, saluées par le public.

 

"Danny Collins" ("Imagine" en français) écrit et réalisé par Dan Fogleman (Al Pacino, Annette Bening, Jennifer Garner, Bobby Cannavale et Christopher Plummer) est un entremet savoureux à mi-parcours du Festival, avant l’arrivée des poids-lourds en fin de semaine. 20H 30 - Mardi dernier à Deauville: un rire général emporte la salle. Des pilules de prozac ont-elles circulé entre les rangées autrement comment pourrait-on expliquer cet écho irrépressible qui résonne dans l’auditorium ? A moins que les organisateurs du Festival aient réellement imaginé cette solution pour rétablir une ambiance plombée la veille par les projections de films sociaux très durs, il semblerait que le film soit bon. Rien d’étonnant car Dan Fogelman a réalisé une petite merveille. Synopsis: "Une rock-star vieillissante ne souhaite pas changer ses habitudes de vie, jusqu'à ce que son agent lui fasse ouvrir une lettre gardée secrète pendant 40 ans, écrite de la main de John Lennon, le célèbre membre des Beatles. Suite à cette découverte inattendue, Danny Collins va chercher à redécouvrir sa famille et à trouver l'amour". Projeté en avant-première mondiale, la séance a pourtant démarré subitement, sans allocutions et sans manières. Peu importe dans la mesure où le film parle de lui-même. Cette comédie américaine qui aborde une palette de thèmes multi-générationnels (la vieillesse, la remise en cause de la vie matérielle au profit de l’entretien des liens familiaux) joue la carte à fond de l’introspection personnelle sur les choix que la vie peut nous amener à prendre, un thème risqué, inspiré par l’histoire vraie du chanteur américain Steve Tilston, qui aurait pu nous lasser. Le rôle, sur mesure pour Al Pacino, a d’ailleurs parfois des accents quasi auto biographique lui qui n’a plus tourné de bons films depuis un certain temps, malgré une carrière stupéfiante. Parfaitement décalé et drôlissime, l’acteur de soixante quinze ans, assume son âge et fait preuve d’un second degré inouï. Exempté d’un possible dépit il prend son rôle très à cœur, en interprétant un Danny Collins dont dépend chaque ressort comique du film, dans la même veine d’une Meryl Streep qui enchaîne les rôles délurés. Ces personnages parfaits pour des acteurs sexagénaires au charisme intact, font exploser les diktats de la jeunesse et de la mode. Spontanés et simples, on en redemande ! Avec un enrobage un peu tape à l’oeil, "Danny Collins" se savoure pendant une heure trente, comme une tendre douceur qui recèle un cœur fondant. (Note: 4/5) - Sortie (France): N.C.

 

"Mr. Holmes" de Bill Condon (Ian McKellen, Milo Parker, Laura Linney). Sur la terrasse du Festival de Deauville, un épatant personnage vient d’entrer à la conférence de presse du film "Mr. Holmes". Certains ont déjà eu l’occasion de le voir roder dans les séances de la veille. Il est venu cette année, à la fois récupérer son hommage et présenter son film hors compétition, qui retrace deux moments de la vie du célébrissime détective privé anglais. Atteint de pertes de mémoire, il est résolu néanmoins à terminer une dernière affaire. Cet homme c’est Sir Ian Mc Kellen, qui nous stupéfie de sa superbe. Le comédien qui veille à ne jamais se laisser enfermer dans une case (« Je suis content de pouvoir travailler sur un film qui ne fasse pas partie d’une franchise »), joue sur tous les fronts. Fait Chevalier Commandeur de l’ordre de l’Empire Britannique en 1991, Ian Mc Kellen a la coquetterie des  gentleman anglais, mais aussi semble t-il une âme de rock-star. Visiblement ravi d’être à Deauville, il ne s’est jamais privé d’un petit bain de foule avec ses groupies, et a même dévoilé sur le tapis rouge son stupéfiant tatouage d’elfe du "Seigneur Des Anneaux". Un rapide coup d’œil sur sa carrière suffit amplement pour se rendre compte qu’il doit ses succès à des choix transgressifs. De formation classique, il a commencé au théâtre, et parvient à être présent à la fois dans de grosses productions lorsque Hollywood le réclame (il a interprété les rôles emblématiques de Gandalf dans le "Seigneur Des Anneaux", "Le Hobbit", Magneto dans la franchise "X-Men") que dans des films indépendants, tels que: "L’Élève Doué", "Au Cœur De La Tourmente" ou "Mr. Holmes". Bien qu’il soit un homme aux multiples talents, il n’est malheureusement jamais à l’abri, comme nous tous d’ailleurs, d’un petit écart de conduite. Le scénario de "Mr. Holmes", qu’il vient présenter, est d’une faiblesse insoutenable et l’humour anglais y est entièrement absent. Le film ne repose que sur les épaules de l’immense comédien de soixante-seize ans, ce qui est, encore une fois, tout à son honneur. La salle est en présence d’un de ces hommes qui marquera, à coup sûr, le paysage cinématographique contemporain, tellement populaire que même la ville de Deauville n’a pas reculé devant l’idée de rendre hommage dans un Festival américain à un acteur… Anglais. Véritable caméléon, son tempérament intrépide n’a d’égal que son talent. Aux comédiens débutants il leur envoie quelques conseils: "Toujours travailler les rôles avec son cœur sans chercher à percer à tout prix", autrement dit toujours garder les pieds sur terre afin les voir prochainement dans les étoiles de Hollywood Blvrd. (Note: 2/5) - Sortie (France): N.C.

 

"Madame Bovary" de Sophie Barthes (Mia Wasikowska, Henry Lloyd-Hughes, Ezra Miller): une tragique descente aux enfers. Présentant son film en avant-première mondiale à Deauville, Sophie Barthes, la réalisatrice, ne pouvait pas avoir de meilleur lieu de projection que la Normandie, pour un film adapté de l’œuvre de Flaubert, qui avait ses habitudes à Trouville. L’accueil y a été chaleureux pour un film réussi. « Nous avons tourné dans le Perche, une région magnifique », confie la réalisatrice franco-américaine qui vient de réaliser son deuxième long-métrage. La lumière du film est incroyable. Emma Bovary nous fait tourner la tête avec ses robes aux couleurs toutes aussi chatoyantes les unes que les autres, pour se retrouver elle-même prisonnière de ces artifices. De fait, la réalisatrice a essayé d’orienter son scénario vers un thème fédérateur et universel: la faillite financière. Emma Bovary nous apparaît à l’écran comme une arriviste sur fond de déceptions amoureuses qui s’enchaînent, mais le véritable moteur dramatique de l’histoire c’est: l’argent. Seule fausse note dans cette orchestration dramatique est la volonté, toujours farouche, de faire tourner ses acteurs en anglais. Bien qu’il essaye tant bien que mal, le film ne pourra jamais réellement se détacher de l’œuvre dont il est adapté. Le point d’orgue de cette projection a été l’épilogue final dramatique émouvant, salué par un tonnerre d’applaudissements. (Note: 3/5) - Sortie (France): 4 Novembre 2015.

 

En complément de celui de Ian McKellen, ont suivi les hommages rendus à la comédienne américaine Elizabeth Olsen, au réalisateur Terrence Malick dont le film "Knight Of Cups" a été projeté en avant-première, et au producteur Lawrence Bender. En définitif, des films spirituels avec une forte inclination à montrer des personnages sur le déclin en quête d’une gloire passée ou à venir, qu’ils soient drôles dans "Danny Collins", nostalgiques chez "Mr. Holmes" ou dramatiques avec "Madame Bovary". On se retrouve Lundi pour un bilan général de cette édition 2015 et les surprises que nous réserve le jury.

 

Courtesy of Festival du Cinéma Américain Deauville

 

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