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CRITIQUE: "THE END"

CRITIQUE: "THE END"

Synopsis : "Un homme part chasser dans une forêt qu'il croyait connaître. Mais son chien s'enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu'il se perd, une atmosphère hostile et étrange s'installe..."

Sortie (France - e-Cinéma): 8 avril 2016 

 

Critique:

Grands fans de Guillaume Nicloux, nous avons eu l'honneur de voir son dernier film "The End" (Gérard Depardieu, Audrey Bonnet, Swann Arlaud) première oeuvre à sortir directement en e-Cinéma  - encore produite par Sylvie Pialat - en projection unique sur grand écran à la Cinémathèque de Paris, suivie d'un entretien avec son équipe. Un simple coup d'oeil à son parcours nous montre comment les contours de son univers cinématographique se précisent un peu plus : "La Religieuse" (2013), "En Solitaire" (2013), l'excellent "Valley Of Love" (2015) - César de la meilleure photographie en 2015 (voir notre critique ici).

Point de départ de "The End" : c'est un long cauchemar en huit-clos. Cette histoire, Guillaume Nicloux l'a littéralement rêvé! Conséquence immédiate de ce projet : on frôle l'univers Lynchén avec l'insertion d'éléments fantaisistes propres au rêve, mais pas surréalistes, car il a retravaillé son scénario en y intégrant une linéarité chronologique. On suit le quotidien ordinaire d'un chasseur se rendant en forêt, et qui va faire des rencontres plus que surprenantes, notamment celle d'une femme à l'apparence fantômatique mais à la présence bien réelle, et à qui il serait arrivé un drame terrible...

Thème récurrent de sa filmographie : la nature environnante est hostile, étouffante, emprisonnante, et ébranle progressivement un à un ses personnages au départ désabusés et lassés, mais qui se mettent à vivre une véirtable prise de conscience. Message politique ? Peut-être bien... sur les faiblesses humaines à vouloir contrôler son environnement. On assiste à la chute de ce colossal personnage épuisé par sa marche vers une sortie introuvable. On se rend suffisamment vite compte que rien n'aurait été possible sans Gérard Depardieu, grand gaillard bedonnant qui nous donne accès à de véritables séquences d'humour pittoresque. De fait, on se rapproche plus d'un cinéma-vérité proche du documentaire. Guillaume Nicloux part d'une simplicité minimale à la fois en termes d'énonciation et de mise en scène pour créer un rendu onirique sans véritablement apporter de réponses... Le spectateur est invité à devenir un voyeur de ce drame. La musique sombre et recueillie est pronfondément antipathique des tortures psychologiques qu'épouvrent les personnages. C'est Eric Demarsan, qui l'a composé, le même qui a travaillé sur le film de Jean-Pierre Melville "L'Armée Des Ombres" (1959). 

CRITIQUE: "THE END"

"The End" nous enmène dans un univers parallèle, ébranle nos certitudes, nous extrait de notre quotidien, et c'est en cela, que bien que le film ne soit pas destiné aux salles de cinéma (temple du septième art) il reste une oeuvre esthétique à part entière. Guillaume Nicloux, dont la verve est très cabotine, que nous surnommerons "enfant terrible du cinéma français", évincé des récompenses Cannoises pour "Valley Of Love" en 2015, a réussit son pari du e-Cinéma. Et c'est une première de pouvoir contourner les voies traditionnelles de production, imposées par le système économique de financement des films français... Mais rien de dommageable, bien au contraire : c'est une oeuvre stupéfiante de justesse! 

Note:  (4/5)

 

Courtesy of Les Films du Worso

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