24 Décembre 2016
2016, ou l'année où le cinéma coréen nous a surpris ! La présence à Cannes des trois films pris pour cet article n'y est pas pour rien. Nous avons donc décidé d'en parler.
Le premier est: "The Strangers" présenté hors compétition au festival de Cannes 2016 et adoubé par la critique.
Synopsis: "La vie d’un village de montagne est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués. L’enquête de police piétine alors qu’une épidémie de fièvre se propage et mène à la folie meurtrière les habitants de la petite communauté. Sans explication rationnelle à ce phénomène, les soupçons se portent sur un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attisant rumeurs et superstitions."
C'est un polar qui mélange les genres pour un résultat des plus atypiques, mais d'une maîtrise (on va beaucoup utiliser ce mot) incontestable ! L'une des meilleures façons de découvrir un film, c'est de ne rien savoir avant et se lancer dedans pour au final se laisser emporter par ce qu'il raconte. "The Strangers" prend pour genre cinématographique le polar pour ensuite changer au fil de son récit tout en restant dans l'ambiance du départ. Ce n'est pas une figure de style pour le coup. On passe dans le cinéma d'épouvante, le fantastique et même le drame familial et ce pendant 2H30 ! L'expérience est aussi étrange que surprenante ! Sans cesse il créé une rupture dans sa structure tout en réussissant à rester cohérent dans ce qu'il narre. Il se paye même le luxe d'être burlesque par moments. Rien n'entache le long-métrage et cela donne une idée de la maîtrise de ce dernier. Il est bon sur tous les points tout en étant un peu longuet et certains aspects peuvent plaire ou non, mais on est forcé de le dire: c'est du très très bon. Le film a fait 6 877 946 entrées en Corée du Sud.
Le deuxième, c'est "Mademoiselle" en compétition officielle à Cannes. On en a déjà parlé voici notre vidéo sur le film pour plus d'infos. C'est sans aucun doute celui que l'on connaît le mieux, car Park-Chan Wook, merci "Old Boy" (Grand Prix) à Cannes en 2004. "Mademoiselle" engrange plus de 4 282 388 entrées toujours en Corée du Sud.
Synopsis: "Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko..."
Le troisième, c'est "Dernier Train Pour Busan" lui aussi présenté hors compétition au festival de Cannes 2016. Ce n'est ni plus ni moins que le plus gros succès coréen dans le pays rien que ça ! Avec pas moins de 11 222 966 entrées enregistrées.
Synopsis: "Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité..."
Un film de zombies; encore un ! Ce qui pourrait lasser vu toute la ribambelle dde films du genre que l'on a ces dernières années. Cela ressemble beaucoup à "World War Z" sauf que ce "Dernier Train Pour Busan" est maîtrisé et oui, on est avec les personnages et l'envie de les voir survivre est réellement présente ! Le problème est à échelle nationale et cela permet donc de se concentrer sur le pays et ne pas partir dans le patriotisme américain, on veut dire Coréen. Non, Brad Pitt n'est pas dans le film. Les relations humaines sont au premier plan et grâce à cette épidémie le film prend le temps de construire ses protagonistes pour qu'ils soient attachants ou non. Pas grand-chose à dire de plus sur ce film si ce n'est qu'il est très bon dans son genre.
Une fois les présentations des longs-métrages faites, nous allons parler un peu de ce cinéma coréen qui, il faut l'avouer fait des merveilles. Certes, le côté kitsch, enfin un peu exagéré du jeu d'acteur, peut décontenancer, mais ils ont autre chose à offrir si l'on prend la peine de s'intéresser à eux. C'est le mot maîtrise qui nous reste en tête et ce même si le genre ne nous plaît pas à la base. L'ambiance est cruciale et c'est souvent ce facteur qui fait que l'on reste ou non dans le film. Dans les trois longs-métrages cités c'est le cas. Ils tentent et réussissent ce qu'ils entreprennent et c'est avec plaisir que l'on parcourt ce cinéma coréen. Oui, on ne parle ici que de trois productions sorties, en 2016, et la Corée du Sud a bien plus à offrir. Cela étant la diversité de ce cinéma est extraordinaire et ce grâce à une loi de 1993 qui oblige à sortir 146 films nationaux par an et donc plus de 50% des entrées sont faites par des films du pays. Il y a donc tous les genres et pas que des comédies (familiales) ou encore des drames (d'auteurs), mais bien un choix conséquent pour tous ces petits Coréens qui veulent aller dans les salles obscures. La créativité est alors en ligne de front pour pouvoir enrichir tout types de productions qui sortent au fil de l'année.
Les films pris pour écrire ces lignes ont tous une originalité et ils parviennent à prendre les codes (souvent plus occidentaux) et les remanier à la sauce coréenne. "Mademoiselle" reste un peu à l'écart, mais "The Strangers" ou "Dernier Train pour Busan" peuvent clairement être plus occidentaux et ça passerait ! Pour revenir sur les <codes> le film de zombies ou celui d'épouvante est plus présent dans le cinéma de l'oncle Sam qu'en France, pourtant la Corée parvient à les magnifier avec sa culture. Un air frais qui n'est pas pour nous déplaire et c'est de plus en plus rare !
Le festival de Cannes (oui encore et toujours lui) permet à différents cinémas du monde de se monter et donc de parler aux cinéphiles. C'est bien par ce billet que des films comme "Old Boy" et même "Mother" (les exemples, ce n'est pas ce qui manque) peuvent faire leurs bonshommes de chemin et être découvert par telle ou telle personne un tant soit peu curieuse. Ce n'est qu'après coup que la qualité de l'oeuvre est dévoilée et que son aura brille enfin par chez nous. Découvrir une autre facette de ce septième Art, c'est découvrir un nouveau langage et se laisser emporter dans de nouvelles histoires. Á bon entendeur, bon film !
Courtesy of The Jokers/Bac Films, Metropolitan FilmExport, ARP Selection
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