30 Octobre 2017
Halloween approche à grands pas et il temps de nous faire peur... Et quoi de mieux qu’un classique parmi les classiques? Lorsqu’il décida, en 1959, juste après "La Mort Aux Trousses", de transposer à l’écran le roman de Robert Bloch (lui-même inspiré des méfaits du tueur Ed Gein), "Psycho", Alfred Hitchcock ne fit pas les choses à moitié et livra un film qui fit date, à juste titre. Avec ce film, le maître du suspense fit un pas de côté, frôlant le cinéma d’horreur, genre mineur et méprisé, à l’époque.
Tous ceux qui l’ont vu se souviennent de "Psychose" et ceux qui ne l’ont pas encore vu feraient bien de combler au plus vite ce manque. Avec ce thriller mémorable, Alfred Hitchcock conjuguait comme rarement horreur et suspense. En ceci, "Psychose" marqua une étape dans l’histoire du septième art.
La scène de la douche est, à elle seule, emblématique, tant elle impressionna, à l’époque, et force le respect, de par la maestria avec laquelle elle fut filmée. Bien que montrant peu, elle est d’un réalisme étourdissant: qui sait pourtant que le sang qui ruisselle n’est autre qu’un mélange de ketchup et de chocolat? Qui sait que le bruit des coups de couteaux fut obtenu en poignardant de simples melons? Alfred Hitchcock eut, évidemment, maille à partir avec la commission de censure, à l’époque. Persuadés d’avoir vu Janet Leigh dénudée lors de la fameuse scène de la douche, les censeurs en furent finalement pour leurs frais. En ne montrant rien, Hitchcock démontrait son habileté et la force de la suggestion: le spectateur était partie prenante de son cinéma.
On ne peut évoquer "Psychose" sans parler de la musique de Bernard Hermann, qui signe là sa partition la plus mémorable. Uniquement basée sur des instruments à cordes, la bande originale du film participe elle aussi à l’ambiance de "Psychose", accentuant le stress et l’angoisse chez le spectateur. Souvent imitée, jamais égalée, la partition du compositeur attitré d’Alfred Hitchcock a été maintes fois reprise, signe de son appartenance au patrimoine du cinéma. Pourtant, lors de sa sortie, la critique américaine réserva un accueil mitigé au film. Il faut dire que le cinéaste n’avait pas organisé de projections privées et qu’il interdit l’accès aux spectateurs arrivant en retard, pour quelque motif que ce fût. Pareille promotion, faite pour susciter l’intérêt et conserver intact l’effet de surprise (et "Psychose" regorge de surprises!), était aussi une innovation de la part du plus grand réalisateur britannique.
Anthony Perkins trouve dans "Psychose" le rôle de sa vie, au point qu’il ne put jamais se débarrasser de l’envahissant Norman Bates et resta, toute sa carrière, prisonnier de ce personnage.
Pareille réussite ne pouvait rester sans descendance: il y eut trois suites à "Psychose", toutes avec Anthony Perkins, mais aucune ne laissa de trace dans la mémoire des cinéphiles. De même, le réalisateur Gus Van Sant réalisa un remake à l’identique, plan par plan, du film original, en 1998, sans qu’il ne marque les esprits. Plus près de nous, la série "Bates Motel" explore sur cinquante épisodes l’enfance de Norman Bates et sa relation avec sa mère. Voici la preuve, s’il en était besoin, du statut de classique, d’un film plus que cinquantenaire et toujours efficace.
A noter que l'excellent documentaire relatif au film, intitulé "78/52 - Les derniers secrets de Psychose", a été diffusé ces jours-ci sur Arte.
Remerciements à Arte & Laurent de "Deuxième Séance" (http://deuxiemeseance.blogspot.fr)
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