3 Avril 2018
Kitano est un artiste. Un grand. Poétique, ironique, libre ! Il a marqué nos regards de cinéphiles. Il était temps et nécessaire de se replonger dans ses 3 films les plus autobiographiques: "Kids Return" (1996), "Hana-bi" (1997), qui lui apporta la consécration internationale avec le Lion d’Or au festival de Venise, et "L’été de Kikujiro" (1999) avec lequel il atteint pour la première fois la sélection officielle du Festival de Cannes.
Les éditions de ces films en vidéo, accompagnées des B.O de Joe Hisaishi et de compléments inédits devraient vous rappeler à quel point le cinéma peut être un enchantement lorsqu’il est beau, simple, humain et empli de poésie.
C’est à la fin des années 90, lorsque "Kids Return" sort sur les écrans de l’hexagone (1996) et qu’"Hana-bi" remporte le Lion d’or à la Mostra de Venise (1997), que Takeshi Kitano connaît une notoriété fulgurante en France. Au Japon, c’est une star depuis bien longtemps. Showman et animateur de télévision, apprécié pour son humour bouffon et vulgaire, son image locale est aux antipodes de l’immense cinéaste que l’on connaît mais ce paradoxe fait justement de lui un réalisateur hors pair. Capable de mélanger les genres et les registres, il promène sa virtuosité aussi bien au sein d’un film de yakuzas à la violence stylisée qu’au beau milieu d’une œuvre poétique clownesque et mélancolique. Violent et sensible à la fois, drôle et tragique, burlesque et pathétique, le cinéma de Kitano, lorsqu’il atteint son paroxysme, embrasse un répertoire d’une étendue déconcertante.
Les trois films restaurés et distribués en salle l'été dernier par La Rabbia sont le reflet de ce génie. Films hors des cases, que ce soit pour "Kids Return", œuvre intime et grave sur les errements de l’adolescence; "Hana-bi", bouleversant mélo-policier ; ou "L’été de Kikujiro", parenthèse poétique ultra mélancolique, Kitano dépeint avec force, fantaisie et même violence, la trajectoire d’outsiders.
Réalisés après un grave accident de moto qui a laissé la moitié de son visage figé ou convulsé de tics émanant un regard triste et impassible, ces trois films sont le témoin de son talent qui exulte dans la plupart de ses plans composés comme des tableaux. Sèche, nette et directe, son écriture cinématographique brosse, sur une tonalité naturelle, sans pour autant en écarter l’émotion, la violence des sentiments intérieurs et un rapport conflictuel avec le réel.
Sa palette est si nuancée qu’elle traverse les émotions à travers les âges et laisse se succéder, d’un film à l’autre, la nostalgie de l’adolescence ("Kids Return"), la maturité qui s’interroge sur la mort ("Hana-bi") et la communion de l’enfance et de l’âge adulte ("L’été de Kikujiro").
Poétiques, violents, tendres, burlesques et inventifs, ces trois films nous rappellent pourquoi nous aimons tant Takeshi Kitano.
Plus d'info: www.larabbia.com
Courtesy of La Rabbia
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