24 Juin 2020
Le 22 juillet prochain, Carlotta Films proposera aux cinéphiles la sortie en salle de la nouvelle restauration 4K du classique signé Hou Hsiao-hsien, "Les Fleurs de Shanghai".
Réalisé entre "Goodbye South, Goodbye" (1996) et "Millenium Mambo" (2001), deux films centrés sur la jeunesse taïwanaise contemporaine, "Les Fleurs de Shanghai" est, lui, situé dans la Chine de la fin du XIXe siècle. Ce n’est pas la première fois que Hou Hsiao-hsien opère un retour vers le passé puisqu’il avait auparavant signé sa « trilogie de Taïwan », clôturée en 1995 avec "Good Men, Good Women".
Pour adapter le roman "Les Fleurs de Shanghai" de Han Ziyun, Hou Hsiao-hsien fait appel à Chu Tien-wen, sa scénariste attitrée depuis 1983 et "Les Garçons de Fengkuei", avec qui il réécrira le scénario une dizaine de fois. Publié sous forme de feuilleton avant sa mort en 1894, le roman éponyme fait la chronique à peine romancée du quotidien des maisons closes de Shanghai, que l’écrivain avait assidument fréquentées. Afin de simplifier la narration, le réalisateur et sa scénariste réduisent les cent personnages du roman aux habitués et aux courtisanes de quatre maisons closes. Ils gardent cependant l’essentiel: le récit d’une vie vécue à travers les points de vue de plusieurs personnages, qui, mis bout à bout, offrent un panorama d’ensemble, appuyé sur des détails quasi-documentaires, représentés avec une grande précision. Filmé intégralement en studio et en huis clos, "Les Fleurs de Shanghai" parvient à restituer l’atmosphère du roman à travers le style si singulier de son réalisateur. De cet univers en marge, presque hors du temps, il en tire un conte aux images enchanteresses et aux destins scellés.
Parmi les vapeurs d’opium, c’est l’essence même de la vie qui s’écoule. Hou Hsiao-hsien montre le temps en plein travail, insaisissable et inexorable à la fois.
Filmé en une succession de plans-séquences, marque de fabrique de son réalisateur Hou Hsiao-hsien, "Les Fleurs de Shanghai" se découvre comme une suite de tableaux nocturnes à la beauté hypnotique. Tout ici concourt à la perfection formelle: des décors somptueux aux costumes raffinés portés par de magnifiques acteurs et actrices (dont Tony Leung Chiu-Wai, la star de Wong Kar-wai).
Hou Hsiao-hsien dépeint une société ultra-codifiée au sein de ce huis clos où, derrière les apparences, se joue le théâtre de la tragédie humaine: femmes objets du désir masculin et des tractations financières de leurs matrones, obligées de garder leur retenue en toute circonstance. La mise en scène épouse cette dichotomie: la splendeur des plans, comme la beauté des courtisanes, ne dérive jamais vers l’ostentatoire ou le voyeurisme, mais reste d’une épure et d’une sobriété sans faille. Source d’inspiration revendiquée par Bertrand Bonello pour son "Apollonide" (2011), "Les Fleurs de Shanghai" est à redécouvrir dans sa sublime restauration 4K!
Courtesy of Carlotta Films
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