4 Novembre 2015
Cette semaine chers cinéphiles on retrouve à l’affiche deux films novateurs. La surprise c’est le très émouvant film de Kheiron, auquel personne ne s’attendait: "Nous Trois Ou Rien". Mais le film le plus hilarant est sans hésiter "Dope", qui, avec un mélange de fraîcheur candide et de vannes bien "trash", apporte un renouveau sans conteste dans le domaine de la comédie américaine. Le film ne se résume pas à une succession de drôleries, mais il met également le doigt sur une corde sensible américaine: la vie dans les ghettos, et le racisme ambiant à l’égard d’une jeunesse noire. L'humour y est accompagné d'une bande originale particulièrement "junkie" à laquelle on ne peut pas rester insensible.
Aperçu au Festival du film Américain de Deauville où il a reçu le Prix du Public, "Dope" (Shameik Moore, Kiersey Clemons, Tony Revolori) de Rick Famuyiwa est la comédie de la semaine (voir notre critique ici). Malcolm, jeune geek fan de hip-hop des années 90 vit à Inglewood, un quartier chaud de Los Angeles. Avec ses deux amis Diggy et Jibs, ils jonglent entre musique, lycée et entretiens pour entrer à l'université.
Autre film qui faisait partie de la compétition au Festival de Deauville 2015, "Madame Bovary" est reparti bredouille. Sophie Barthes adapte au cinéma le célèbrissime roman de Gustave Flaubet qui raconte la vie de femme mariée d’Emma Bovary, qui se lasse très rapidement de la routine dans laquelle elle s’installe. Insensible aux charmes de son mari, Charles, elle décide de répondre aux avances de séduisants jeunes hommes qui la courtisent (voir notre critique ici).
John Wells réalise la comédie "A Vif!" (Bradley Cooper, Sienna Miller, Daniel Brühl). Adam Jones est une rock star de la cuisine à Paris grâce aux deux étoiles qu’il reçoit du guide Michelin. Cependant, une carrière professionnelle réussie n’est pas toujours synonyme d’une vie privée accomplie. Grisé par le succès, arrogant et capricieux, l’enfant terrible de la scène gastronomique parisienne sombre dans l’alcool et la drogue. Quelques années plus tard, il a retrouvé la voie de la sobriété. Christian Carion qui avait déjà réalisé "Joyeux Noël" en 2005, revient avec "En Mai Fais Ce Qu'Il Te Plaît" (August Diehl, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner). Ce réalisateur passionné d’histoire passe des tranchées de la Première Guerre Mondiale, à la débâcle de 1940 du point de vue des civils. Ce road-movie filmé à la manière d'un western accorde un rôle premier à la musique du compositeur culte Enrico Morricone. Il retrace ainsi l’exode de nombreuses familles déracinées et propulsées violemment sur les routes avec la peur au ventre d'être bombardé. En parallèle, se joue une intrigue familiale puisqu’un père prisonnier, essaye de retrouvers son fils. Laurent Gerra, qui vient justement de sortir un livre sur les carnets de guerre de son grand-père aux éditions Flammarion ("Cette année les pommes sont rouges"), profite de ce projet pour endosser pour la première fois au cinéma un rôle dramatique (voir notre critique ici).
"Le Fils de Saul" (Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn), qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes 2015, réalisé par László Nemes, apporte une nouveauté dans la manière intimiste et simpliste de filmer l’holocauste. A Auschwitz, en 1944: un prisonnier contraint à brûler les corps de ses congénaires trouve le salut en préservant des flammes le corps d'un enfant qu'il prend pour son fils.
Kheiron, aperçu dans la série "Bref", dans le rôle d’un personnage éponyme, réalise son premier film. Dans "Nous Trois Ou Rien" (Kheiron, Leïla Bekhti, Gérard Darmon), il revient sur son histoire ou plutôt celle de ses parents, qui décident de fuir leur pays, l’Iran, pour rejoindre la France qu’ils voient comme la patrie des droits de l’Homme. Leur voyage est rapidement passé sous ellipse. Le propos du réalisaeur est de comparer avec humour la vie qu’ils mènent dans un petit village du sud de l’Iran et leur établissement en France dans un HLM. C’est une très jolie comédie, tendre et porteuse d’un message malgré quelques défauts inhérents de mise en scène qui nous font sans cesse garder en tête que c'est un premier film.
Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort prêtent leurs voix aux personnages du film d’animation "Avril Et Le Monde Truqué", réalisé par Franck Ekinci, Christian Desmares. 1941. Napoléon V règne sur la France, où, comme partout sur le globe, depuis 70 ans, les savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité d’inventions capitales. C’est dans ce monde étrange qu’une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus. "La Dernière Leçon" de Pascale Pouzadoux est un drame familial (Sandrine Bonnaire, Marthe Villalonga, Antoine Duléry). Madeleine, 92 ans, décide de fixer la date et les conditions de sa disparition. En l’annonçant à ses enfants et petits-enfants, elle veut les préparer aussi doucement que possible, à sa future absence. Mais pour eux, c’est le choc, et les conflits s’enflamment.
Jérôme Polidor réalise la comédie dramatique "Merci Les Jeunes" (Théo Costa-Marini, Amina Zouiten, Bellamine Abdelmalek). A Quartier TV, Mathieu fait du cinéma avec les jeunes de la cité des Mines. Parmi eux, Leïla espère un peu plus avec Mathieu… Nadia et Farid réalisent des enquêtes sans tabous et pourfendent les clichés sur la banlieue… En salles également, "The Mend" de John Magary (Josh Lucas, Stephen Plunkett, Mickey Sumner) qui raconte l’histoire de Mat, un vagabond trentenaire survolté, qui retrouve son petit frère, Alan. Alors que ce dernier mène une vie de couple paisible, son aîné profite d'un voyage romantique pour s'installer dans son appartement pendant son absence, accompagné par sa conquête du moment. Au retour d'Alan, le chaos règne et sa stabilité vole en éclats. Le drame "Norte, La Fin De L'Histoire" de Lav Diaz (Sid Lucero, Archie Alemania, Angeli Bayani), sort également à l’affiche cette semaine. Joaquin, un homme à la vie simple, est injustement emprisonné pour meurtre alors que le véritable assassin se déplace en toute liberté. Il commence à trouver la vie en prison plus supportable lorsque qu'il lui arrive quelque chose d’étrange et de mystérieux. Sort aussi un documentaire sur un épisode, moins connu, de la vie de Steve McQueen, roi d’Hollywood pendant sa carrière. John McKenna, Gabriel Clarke nous invitent à découvrir la passion de l’américain en dehors des plateaux de cinéma...pour les courses automobiles, notamment, celle des 24 heures du Mans. On y retrouve des images d’archives, ainsi que des images inédites de Steve McQueen fournies par son fils Chad McQueen. A voir donc "Steve McQueen: The Man & Le Mans".
Michael Madsen réalise le documentaire "The Visit - Une Rencontre Extraterrestre". Un événement encore inédit: première rencontre de l’homme avec une forme de vie intelligente venue de l’espace. Avec le "Bureau des affaires spatiales de l’ONU" et des experts d’agences spatiales, le film explore le scénario d’un premier contact. Enfin, dernier film, "La Fête Est Finie", un documentaire sur la ville de Marseille, sacrée capitale européenne de la culture en 2013. Nicolas Burlaud revient sur l’application des politiques d'aménagement qui tendent à faire de la cité phocéenne une ville comme les autres. Mais le mouvement de "gentrification" ne se fait pas sans heurts, avec l’exclusion des classes populaires dans les quartiers Nord…
Pour les fans de Martin Scorsese, nous rappellons qu’au regard de l’exposition qui lui est consacrée à la Cinémathèque de Paris, certains de ses films sont à nouveau projetés dans certains cinémas. L’occasion de revoir sur grand écran certains de ses chefs-d’oeuvres: "Taxi Driver" (Robert De Niro, Jodie Foster, Harvey Keitel), ou bien "Le Temps De L'Innocence" (Daniel Day-Lewis, Michelle Pfeiffer, Winona Ryder). Bonne semaine cinéphile à tous.
Courtesy of Gaumont Distribution, Pathé Distribution, Wild Bunch Distribution, Happiness Distribution, Jour2Fête, Ad Vitam, Marco Polo Distribution
Commenter cet article